Il a la capacité de produire 7000 kg de basilic sur à peine 30 mètres carrés. Johnny Duarte est l’un des seuls producteurs valaisans de plantes aromatiques qui utilisent le principe de culture verticale à grande échelle: des colonnes de plantes insérées dans des mousses de PET recyclé, suspendues à des cadres et alimentées par un système d’arrosage en circuit. De la même manière, des fraises, des framboises ou encore des salades ou d’autres herbes aromatiques pourraient profiter de cette forme de culture. Les promesses de cette petite révolution agricole sont multiples: moins d’eau, pas de pesticides et une production décuplée.
En 2021, Johnny Duarte avait récolté bien plus de basilic qu'espéré. Il s’était alors confronté aux difficultés de la distribution. Les commerces locaux et autres restaurants qui lui prenaient ses herbes aromatiques ne suffisaient pas à écouler la quantité récoltée. Aujourd'hui, il espère donc pouvoir développer son projet sous plusieurs formes, que ce soit pour la grande distribution, mais également pour des projets plus divers, pour des structures à intégrer directement dans des restaurants ou chez des particuliers.
«L'agriculture verticale n'a pas comme objectif de remplacer l'agriculture traditionnelle», nuance Johnny Duarte. «Dans ma vision, ce serait plutôt d'apporter des solutions complémentaires à des agriculteurs ou des arboriculteurs qui souffrent parfois de conditions météorologiques compliquées: on pense par exemple aux abricots et au gel. Avec une diversification de la production, cela pourrait leur permettre de se relever plus facilement en cas de coup dur.» A noter qu'actuellement, l'agriculture verticale n'est adéquate que pour des herbes aromatiques, des légumes à feuilles (type salades), des fraises ou des framboises, ou encore des piments.
Pour l'instant, le citoyen de Charrat exerce cette activité d’ingénieur-cueilleur à côté de son travail dans un garage. L'activité n'est pour l'heure pas entièrement rentable pour lui. Cela dit, l’agriculture verticale est en passe de prendre de plus en plus d’ampleur. C’est du moins ce qu'affirment les responsables de l’Agroscope de Conthey.
Le centre de recherche valaisan, le groupe Fenaco et la start-up zurichoise YASAI ont d'ailleurs lancé leur première ferme verticale pilote. Un projet, d’envergure nationale qui devrait approvisionner en basilic quelque 80 filiales Coop – pour l’instant uniquement en Suisse alémanique.
Selon Cédric Camps, responsable du groupe de recherche de culture en serre au centre de compétence valaisan, les cinq prochaines années seront décisives pour le développement de cette agriculture. Les enjeux se feront au niveau de la recherche, de la production, de la distribution, mais également en matière d'investissements. Il faudra que la production soit écologiquement intéressante, et économiquement rentable, autrement les projets risqueront de tomber à l'eau.
«Les avantages écologiques sont multiples, analyse Cédric Camps. En agriculture verticale, nous utilisons jusqu'à cent fois moins d'eau que dans une culture traditionnelle.» Il ajoute qu'aucun pesticide n'est utilisé et les engrais sont très restreints.
« Cela permet par exemple de ne pas polluer les sols.» Selon le scientifique, la lumière artificielle et donc l'énergie devrait être issu entièrement de sources renouvelables d'ici 2030 dans le cas du projet mentionné plus haut. Quant au facteur économique, le rendement des productions est « 30 à 200 fois plus important qu'en production classique. Donc si nous arrivons à maîtriser les coûts, cela deviendra des entreprises très rentables.»
Actuellement, la plus grande ferme verticale européenne se trouve au Danemark. Elle fait 7’000 mètres carrés et projette de produire 1000 tonnes de légumes par année.