66 matches de Super League, 69 en Challenge League, quelques apparitions en Coupe de Suisse et même en Coupe d’Europe. Avec Sion, Lucerne, Servette et Kriens, Daniel Follonier a gouté au plus haut niveau. Il a vécu son rêve de footballeur professionnel. Une dizaine de saisons en tout. En juillet 2021, il en voulait encore, mais il n’avait plus de contrat. Les mois passent, le téléphone ne sonne plus.
« Ce n’est pas moi qui arrête le football. C’est le football qui ne veut plus de moi. » Daniel Follonier
« Au début j’étais assez confiant, raconte-t-il. J’avais encore des contacts. Je m’entraînais tout seul ou avec des amis. » En automne dernier, il restait donc un mince espoir de retrouver un contrat alléchant. Un contrat tout court. L’option de partir à l’étranger s’est même présentée. Elle n’a pas été retenue – on y reviendra. « Ce qui me rend triste c’est ce que n’est pas moi qui arrête le football. C’est le football qui ne veut plus de moi. Je me dis que ça peut toujours venir mais à présent j’ai une autre vision pour la suite. »
Cette vision le ramène à ses 17 ans, lorsqu’il a choisi le football comme seul plan de carrière, au détriment de ses études. Conscient de ne pas avoir fait tout juste, le Sierrois dit franchement « qu’il aurait dû écouter sa maman ». Néanmoins, Daniel Follonier, pense aussi qu’il n’a pas toujours été bien entouré, bien conseillé. Son avenir professionnel est incertain. Son avenir footballistique passera par les pelouses du SC Cham, modeste club de Promotion League. « J’avais reçu quelques offres de l’étranger mais j’ai renoncé. Le problème serait réapparu dans trois ans. » Le problème ? Daniel Follonier n’avait pas assuré ses arrières en ayant terminé une formation.
« Je suis toujours un peu dans le flou mais ça commence à s’éclaircir. » Daniel Follonier
À ce stade et avec son maigre bagage, le sportif s’est posé les bonnes questions et notamment celle de l’après. Une équipe alémanique lui a donc ouvert une porte, en lui proposant de financer une formation (encore à définir). Choix difficile mais nécessaire selon le principal intéressé. « Après ma discussion avec Cham, je suis rentré à la maison. J’ai pleuré pendant trois jours. C’est là que ma copine a vu combien le football était important pour moi. J’ai dû faire le deuil mais il n’y a pas que le football dans la vie. Je suis toujours un peu dans le flou mais ça commence à s’éclaircir. »
Daniel Follonier peine encore à se projeter mais de son parcours il en tire plusieurs leçons. « À l’heure actuelle je peine encore à digérer, dit-il avec conviction. Je ne parle pas de la Super League mais en restant humble je me dis que j’aurais largement ma place en Challenge League. » En racontant son parcours, l’athlète de 28 ans mesure la chance qu’il a eue. Il s’en veut surtout à lui-même, d’avoir bâclé ses études, d’avoir fait quelque mauvais choix. Il en veut aussi à d’autres (clubs – agents). Ceux qui n’ont pas su l’entourer.
« Il faut croire en ses rêves. En même temps il faut aussi assurer ses arrières. » Daniel Follonier
« Le principal fautif restera celui qui n’a pas terminé ses études, explique-t-il sans détour. Néanmoins, il faut toujours faire attention avec qui on discute. On ne peut faire confiance qu’à soi-même. » Dans cette parenthèse philosophique, on sent à la fois l’impuissance d’un footballeur en fin de carrière et la prise de conscience que la vie continue. « Ce que je veux faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes c’est qu’il faut croire en ses rêves. En même temps il faut aussi assurer ses arrières et faire attention à ce qu’on fait avec ce qu’on gagne. C’est important de prévoir l’avenir en toutes circonstances. » Son avenir à lui se passera sur les pelouses de Promotion League avec le SC Cham… et peut-être dans un bureau.