Jade Dübi poursuit son tour de Suisse. À 21 ans, la gardienne montheysanne s’apprête à découvrir son 4ème club de Women’s League, l’élite du hockey féminin helvétique. Elle défendra la saison prochaine les couleurs de l’EV Bomo Thoune après avoir, ces six dernières saisons, porté successivement le maillot de Neuchâtel Academy, de Lugano et, enfin, du SC Reinach.
La jeune Valaisanne met donc le cap sur l’Oberland bernois après deux exercices en Argovie. Son aventure au SC Reinach s’achève sur une relégation et la décision du club de retirer son équipe féminine, faute de joueuses et de moyens financiers suffisants. «Mon départ n’était pas forcé», précise-t-elle d’emblée. «Ces deux dernières années ont été difficiles et j’avais envie de voir autre chose. Je voulais retrouver une équipe plus compétitive. Ce nouveau défi qui s’offre à moi à Thoune me réjouit. Je sais aussi la chance qui est la mienne car plusieurs de mes coéquipières se retrouvent maintenant dans la difficulté pour retrouver un club.»
«Malgré le peu de victoires, je retiens du positif de cette aventure à Reinach.»Jade Dübi
Difficile de donner tort à Jade Dübi lorsqu’elle évoque le terme «difficile» pour qualifier son passage à Reinach. En deux saisons, son équipe n’a gagné que…5 matches sur 47. «Malgré tout, je retiens du positif de cette aventure. Lorsque je suis arrivée il y a deux ans, on m’a dit que je ne serais que la 2ème ou la 3ème gardienne. La saison dernière, j’ai joué un match sur deux et cette année, j’ai disputé pratiquement toutes les rencontres (ndlr: 25 sur 27 possibles). Avoir autant de temps de glace, autant de travail devant ma cage m’a permis de m’améliorer. Et indépendamment des résultats sportifs, j’ai rencontré à Reinach énormément de personnes formidables.»
La Montheysanne ne le cache d’ailleurs pas: peu importe que les défaites s’enchaînaient, l’ambiance au sein du groupe est toujours restée optimale. «C’est clairement ce qui nous a aidé à garder la tête haute car perdre autant, ce n’est facile pour personne.» Et le plaisir du jeu dans tout ça? Est-il toujours le même lorsque les victoires se font si rares? «C’est clair qu’il y a des jours où c’est plus compliqué, où l’envie est peut-être moins présente. Mais personnellement, le plaisir a toujours été là sinon j’aurais arrêté. En tant que femme, cette notion de plaisir passe au-dessus de tout le reste car pratiquer notre sport nous demande énormément d’investissement. Si on ne s’amuse pas, ça ne sert à rien d’aller plus loin.»
«En tant que gardienne, le mental a beaucoup d’importance et j’ai su garder confiance en moi. Sans ça, ces deux saisons auraient été encore plus compliquées à vivre.»Jade Dübi
En 2019, Jade Dübi avait remporté le titre de championne suisse avec Lugano et avait même été désignée comme la meilleure gardienne du championnat. «Passer d’une situation où l’on gagne tous les matches à une autre où on les perd tous, c’est clair que ce n’est pas facile. En tant que gardienne, le mental a beaucoup d’importance et je crois avoir su garder confiance en moi malgré les résultats. Sans ça, ces deux saisons auraient été encore plus compliquées à vivre.»
Forte dans la tête de nature, Jade Dübi ne cache pas que sa confiance a encore été renforcée par les échanges qu’elle a eu avec les dirigeants de Thoune avant de s’engager dans l’Oberland bernois. «J’ai vraiment senti qu’ils me voulaient pour remplacer Sandra Heim, leur gardienne partie à Zurich et forcément, ça fait du bien.» Autre facteur ayant motivé le choix de la Montheysanne: le fait de se rapprocher, un tant soit peu, de la maison. «Se déplacer deux à trois fois par semaine pour les entraînements ainsi que le week-end pour le match, c’est fatiguant lorsque l’on a un travail à côté.» Hors de la glace, la Valaisanne assume même deux emplois, elle qui œuvre en tant qu’employée de commerce dans une entreprise basée à Collombey ainsi que dans une autre au Jura. «Je suis à 50% d’un côté et 40% de l’autre. Cela me permet de garder un petit 10% pour la récupération des efforts consentis sur la glace.»
«Mes objectifs à Thoune, c’est de retrouver le goût de la victoire, de disputer les playoffs…et pourquoi pas plus?» Jade Dübi
À Thoune, la Chablaisienne rejoindra une formation qui a terminé 4ème de la saison régulière avant de remporter la finale pour le bronze face à Neuchâtel. «Mes objectifs en allant là-bas, c’est de retrouver le goût de la victoire, de disputer les playoffs et pourquoi pas plus? Gagner un nouveau titre un jour, ce serait le top.» Jade Dübi est bien consciente que de bons résultats sur le plan collectif passeront inévitablement par des performances individuelles de qualité. «Je vais en tout cas donner le meilleur de moi-même pour aider l’équipe à viser le plus haut possible.»
S’illustrer en club peut aussi lui permettre de taper dans l’œil de Colin Müller, le sélectionneur de l’équipe de Suisse féminine. «Porter le maillot de la Nati, c’est à la fois un rêve et un objectif», souffle-t-elle. «J’ai regardé tous les matches des Jeux Olympiques devant ma télévision cette année et je me suis dit que j’aimerais bien y être dans quatre ans. Je vais mettre toutes les chances d’y arriver de mon côté et on verra ce qu’il se passe.» Au sein de la sélection, elles sont plusieurs à avoir fait le choix de s’engager à l’étranger. «Si je me vois faire pareil à l’avenir? Tout dépend de si j’ai l’opportunité de devenir professionnelle et de vivre du hockey. Si c’est le cas, je dirais pourquoi pas. En revanche, s’il faut continuer à travailler à côté, je préfère rester en Suisse. C’est ici que j’ai toute ma vie.»
À 21 ans, Jade Dübi est donc décidée à retrouver les sommets sous les couleurs de Thoune, son nouveau club. Mais elle est aussi bien consciente de l’importance de garder les pieds bien ancrés sur terre.