Blessé au dos puis opéré début octobre, Justin Murisier espère être de retour à Lake Louise

Yohann Roduit
Journaliste sportif stagiaire

Durant sa fin de préparation estivale, Justin Murisier a ressenti des douleurs au dos, l’obligeant à passer sur le billard quelques jours plus tard. Alors que les courses de Lake Louise se rapprochent, on a rencontré le skieur valaisan début novembre pour faire le point.

Auteur d’un début de préparation sans accroc, le skieur du val de Bagnes s’attendait à connaître une saison pleine. Mais alors qu’il était au Chili pour un stage d’entraînement fin septembre, il a ressenti une perte de force dans son mollet gauche ainsi que des maux de dos. Des douleurs l’ayant contraint à se faire opérer début octobre d’une hernie discale. Une intervention chirurgicale qu’il n’avait pas vu venir : « J’ai dû composer avec cette opération totalement inattendue », affirme-t-il. « Je me sentais très bien et d’un coup les douleurs sont apparues. Manquer le début de la saison après une aussi bonne préparation estivale, c’était difficile mentalement. » Difficile, car pour le skieur de Verbier c'est une histoire qui semble se répéter. « Je me suis déjà blessé plusieurs fois juste avant le début de saison. Par chance, cette fois-ci, je devrais pouvoir reprendre la compétition au Canada. »

Une blessure différente des autres

Cette blessure est venue bousculer ses plans. Bien qu’il ait tout tenté pour être au départ des premières courses, Justin Murisier a finalement dû se résigner à repousser son début de saison. « Dans cette blessure, il y a beaucoup plus d’inconnues et ça rend la chose plus difficile mentalement », explique-t-il. « Je ne savais pas si j’allais manquer toute la saison ou seulement quelques mois. Les docteurs m’ont dit que ça pouvait prendre 3 jours, un mois ou même un an. Mais au vu de l’évolution de ces dernières semaines, je pense pouvoir reprendre la compétition rapidement. »

De l’opération à Lake Louise, un processus de longue durée

Durant le dernier mois et demi, le skieur valaisan avoue être passé par tous les états d'âme : « Par chance, l’intervention s’est vraiment bien déroulée, je me suis fait opérer le 3 octobre, et le lendemain je pouvais déjà rentrer chez moi », relève-t-il. « Je n’ai jamais ressenti de douleurs et je n’ai presque pas eu besoin de prendre d'anti-inflammatoires. »

De la chance en partie, car c’est depuis ce moment-là que tout s’est compliqué pour le Bagnard. « J’ai perdu toute la force dans mon mollet gauche durant trois semaines, et là, depuis quinze jours ça revient gentiment », expliquait-t-il début novembre. « Actuellement, je pense avoir récupéré trente ou quarante pourcent de la force maximale de mon mollet. C’est assez perturbant, car je peux marcher comme tout le monde mais je ne peux pas courir, faire des sauts. Ce sont des détails auxquels, on ne pense pas dans la vie de tous les jours et qui, là, ne fonctionnent plus ». Depuis l’opération, le temps a passé, de quoi voir une évolution positive. « Là maintenant je suis à plus d’un mois et je remarque que de jour en jour, de semaine en semaine, il y a une grosse évolution. J’espère être à huitante pourcent de ma force maximale dans mon mollet d’ici Lake Louise pour pouvoir prendre le départ. »

Lake Louise

Après les annulations en cascade du début de saison, les prochaines courses masculines devraient se dérouler fin novembre dans la station canadienne. Pour pouvoir y être au départ, Justin Murisier a mis toutes les chances de son côté. Arrivé en Amérique du Nord plus de trois semaines avant la première épreuve, l’objectif était d’avoir suffisamment de temps pour travailler sur l’aspect physique. « Si j’y vais aussi rapidement, c’est avant tout pour avoir le soutien de tous mes physios et thérapeutes de Swiss-Ski qui sont déjà là-bas. La première semaine, je vais me concentrer sur la condition physique et je ne ferai pas de ski », explique le skieur valaisan. « Dix jours avant le début des épreuves, je vais skier et voir si je suis en mesure de prendre le départ ou non. Après, si je prends la décision de m’aligner, c’est pour terminer dans le top 10, top 15 ».

« À la base, je pensais faire les trois disciplines. »  Justin Murisier

Spécialiste de Super G, géant et descente, Justin Murisier est un sportif polyvalent. Habitué à s’élancer dans les trois disciplines, cette blessure est venue mettre un peu de doutes dans son esprit : « À la base, je pensais faire les trois disciplines mais maintenant qu’il m’est arrivé ce pépin, je vais voir mon état de forme en Amérique. Ensuite, je déciderai si je dois mettre l’accent seulement sur le Super G et le Géant ou non. »

« Dans les grands évènements, seul les médailles comptent ! »Justin Murisier

Habitué à truster les premiers rôles depuis plusieurs saisons, le skieur du Val de Bagnes est en droit d’attendre des résultats pour cette saison. Une saison 2022-2023 notamment marquée par les championnats du monde de Courchevel et Méribel en février prochain. Quelles attentes porte-t-il pour cet exercice ? : « C’est encore un peu difficile de se prononcer car j’ai fait deux mois sans ski. Maintenant, dès que je vais retrouver ma forme, je veux jouer tout devant tant en géant qu'en Super G ! Je veux aussi engranger des points et de l’expérience en descente pour être compétitif la saison prochaine », affirme Justin Murisier. « Pour les championnats du monde, j’y vais pour faire des médailles. Dans les grands événements, c’est bien de faire un top 5 ou un top 10, mais seul les médailles comptent ! »

Un quatuor et un prodige

Justin Murisier fait partie de l’équipe suisse de géant et de Super G avec Marco Odermatt, Gino Caviezel et Semyel Bissig. Une équipe qui permet à chacun de progresser : « On se pousse vraiment vers l’avant. On essaie de s’aider pour aller chercher les meilleurs résultats possibles et la bonne ambiance qui règne dans ce groupe profite à tout le monde. » Dans ce groupe, un homme surtout à permis au skieur de Verbier de progresser : Marco Odermatt. « Le fait qu’il arrive avec de l’insouciance, cette fraîcheur, cette jeunesse, son ski à l’instinct… ce sont des éléments qui m’ont permis de me reconcentrer sur moi-même. J’ai arrêté de jouer à mon vieux avec mes routines et je me suis aussi mis à skier à l’instinct », sourit-t-il. « En plus, il a du succès presque toutes les semaines. C’est important car ça nous permet de nous comparer à lui lors des entraînements pour savoir si on peut jouer le podium ou si on doit s’attendre à être dans les 15 ou dans les 10. »

« Il ne faut pas banaliser ces performances !»Justin Murisier

Depuis quelques années, le ski suisse vit une période dorée avec en tête de gondole, justement, le Nidwaldien Marco Odermatt ainsi que le Bernois Beat Feuz. Des performances qu’il ne faut pas sous-estimer : « On a de la chance de vivre une période magnifique avec des gars qui sont sur les podiums tous les week-ends. Il ne faut pas banaliser ces performances car si on regarde les autres nations, ça n’arrive pas tous les jours. »

Les championnats du monde à Crans-Montana en 2027

En regardant un peu plus loin dans le calendrier, le Valais accueillera les championnats du monde en 2027. Âgé de 30 ans aujourd’hui, le skieur de Verbier aura alors presque 36 ans au moment de la compétition. Sera-t-il tout de même au départ ? « Oui, totalement ! En Super G et en descente j’ai encore un bel avenir devant moi si tout se passe bien. L’année dernière, on a aussi vu que j’avais des qualités en vitesse donc ce sont de bons signes », explique-t-il. « Faire les mondiaux à Crans-Montana pourrait être une manière de mettre fin à ma carrière si je suis en méforme. Une belle manière de dire au revoir à mon sport et à mes supporters. Maintenant, j’imagine que ça ne sera pas la fin mais plutôt une nouvelle étape dans ma carrière. » Des mondiaux en Valais, Justin Murisier en a déjà vécu. C’étaient les championnats du monde junior en 2011, déjà à Crans-Montana où il avait brillé avec deux médailles d’argent et une de bronze : « J’avais eu la chance de ramener des médailles, c’était exceptionnel », s'exclame-t-il. « Maintenant, vivre les vrais Mondiaux, à la maison, 40 ans après ceux de 1987, ça serait quelque chose de plus monstrueux. Après voilà, c’est encore de la musique d’avenir. »

« Je ne pense pas que le ski va mourir la semaine prochaine !»Justin Murisier

Depuis le début de cette saison 2022-2023, la FIS (fédération internationale de ski) à fait face à des annulations en cascade. Une seule course sur huit a pu se dérouler. La raison : les conditions météorologiques difficiles et surtout le manque de neige. De quoi nourrir de réelles craintes pour ce sport ? « C’est une question qui revient de plus en plus souvent. Ça veut dire qu’il y a un vrai problème », dit-il. « Maintenant, je pense qu’on doit prendre ces changements en considération et adapter notre calendrier en fonction de la météo. Après je ne pense pas que le ski va mourir la semaine prochaine. Que ce soit ici, en Amérique ou au Japon, il y a des chutes de neiges assez abondantes. Après c’est vrai, il faut prendre en considération tout ça pour être plus flexible à l'avenir et surtout mieux à l'écoute de la nature. »

Après toutes les annulations du début de saison, les prochaines courses devraient enfin pouvoir se disputer. Au programme, les deux slaloms féminins de Levi samedi et dimanche avant les courses du week-end prochain à Killington pour les dames et Lake Louise pour les hommes.

YR
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