Barthélémy Constantin: «Si tout devait s’arrêter, j’irais voir ailleurs»
Le marché des transferts international a fermé ses portes ce mardi. L’occasion de faire le point avec le directeur sportif du FC Sion Barthélémy Constantin qui maintient ses ambitions pour le printemps, parle du possible retrait de son père et de pyrotechnie. Entre autres thèmes.

Une seule arrivée, celle de Reto Ziegler et un seul départ, celui de Filip Stojilkovic. Alors que le mercato international a fermé ses portes ce mardi, le directeur sportif du FC Sion Barthélémy Constantin se livre. Le maintien de ses ambitions pour le printemps, l’arrivée de potentiel(s) renfort(s) d’ici la fin du marché des transferts en Suisse le 15 février, la pyrotechnie et l’avenir du club: les thèmes de discussions sont nombreux. Interview.
Barthélémy Constantin, le marché des transferts international a fermé ses portes ce mardi. Une fois n’est pas coutume, le FC Sion est resté très calme…
C’est vrai que ça change par rapport au mercato de l’été dernier durant lequel les mouvements ont été nombreux. C’est quelque chose de réfléchi car il ne manque finalement pas grand-chose à l’équipe pour faire un vrai saut de qualité. Et puis, on a encore la possibilité d’aller chercher un ou deux éléments susceptibles de nous amener un vrai plus.
Avant d’évoquer de potentielles arrivées, parlons du départ de Filip Stojilkovic à Darmstadt…
Sa vente était calculée. Plusieurs possibilités se sont offertes à nous dont celle de signer un deal maintenant pour le mois de juin. Contrairement à ce qui a pu être dit, il avait encore dix-huit mois de contrat puisque nous avions levé une option durant l’automne. Mais c’est clair que pour en retirer quelque chose, il fallait qu’on le vende entre cet hiver et l’été prochain.
«Le profil de Stojilkovic ne correspondait pas au style voulu par le coach.» Barthélémy Constantin
Il était encore titulaire dimanche face à Servette. Faut-il en déduire que tout s’est accéléré en quelques heures?
Non, les discussions existaient depuis des mois. Darmstadt s’était déjà manifesté l’été dernier. Il était titulaire à Genève mais il était sur le banc contre Lugano le week-end précédent. Je crois que son profil ne correspondait pas forcément au style voulu par le coach (ndlr: Fabio Celestini). Sa vente était donc vraiment une bonne chose.
Des médias plus ou moins bien informé ont évoqué une somme de transfert avoisinant les 2 millions de francs. Vous confirmez?
C’est en tout cas le transfert le plus important de l’histoire de Darmstadt.
Ce qui veut dire?
Que l’argent est le nerf de la guerre dans le foot. Le but est toujours de réaliser des bénéfices avec les joueurs que l’on engage. On est content d’avoir réalisé une belle plus-value avec Filip.
L’argent c’est bien beau mais le FC Sion perd quand même l’un de ses principaux atouts offensifs…
Écoutez, le marché des transferts en Suisse est ouvert encore quinze jours. Je l’ai déjà dit: j’ai des listes qui sont prêtes avec des recrues potentielles et nous devons discuter avec le coach de quels sont ses réels besoins.
«Aujourd’hui, on n’a pas le temps de faire des expériences en misant sur un jeune joueur.» Barthélémy Constantin
Vous ne vous êtes pas encore fixé de priorité à l’heure actuelle?
Oui, il y en a toujours mais il faut aussi bien réfléchir au profil des potentielles recrues. Aujourd’hui, on a besoin d’avoir l’équipe la plus performante possible le plus vite possible. On n’a pas le temps de faire des expériences maintenant en misant sur un jeune joueur. Les discussions avec Fabio s’articuleront autour de ça: est-ce nécessaire d’engager un joueur X à un poste Y au risque de déstabiliser l’équipe à certains endroits?
Parlons du sportif: deux matches, un point en 2023. C’est insuffisant…
C’est clair. Au vu des objectifs qu’on a, on espérait présenter un autre bilan. On a quand même vu en 2ème mi-temps contre Lugano que la patte de Fabio se faisait déjà ressentir. À Servette, on n’était malheureusement pas là sur le plan de la jouerie. En revanche, j’ai aimé la mentalité du groupe qui est parvenu à revenir même en étant en difficulté. À la fin, je crois qu’on était plus proche du 3-2 pour nous que pour eux. À nous de trouver l’équilibre entre cette mentalité qui est bonne et la jouerie qu’on doit être capables de développer. Il faut entrer dans les matches dès la première minute.
Si on vous dit que c’est plus Servette qui a donné le point à Sion que Sion qui l’a obtenu, vous partagez?
En partie car c’est aussi nous qui leur offrons leurs deux buts. Il y a eu des cadeaux des deux côtés et sans ça, on finissait peut-être aussi sur un nul 0-0.
Sur les deux premiers matches de ce printemps, le FC Sion a quand même enchaîné les cadeaux à l’adversaire…
Effectivement, pourtant la période de Noël est derrière depuis plus d’un mois (sourire). Le coach doit travailler au quotidien pour stabiliser le groupe, trouver un bon équilibre et il sait qu’il n’est pas seul dans cette tâche. Le président, Pablo (ndlr: Iglesias, le directeur du football) et moi-même, nous sommes là pour l’entourer et essayer de combler les manques.
«Croire à la 2ème place n’a rien d’utopique.» Barthélémy Constantin
Il y a deux mois, vous nous disiez que le FC Sion devait non-seulement viser la Coupe mais aussi la Champions League par le championnat ce printemps. Au vu des deux dernières sorties, votre discours a-t-il changé?
Non, je maintiens ce que j’ai dit. Même si on n’a pas réalisé le départ espéré, les possibilités sont encore là. Croire à la 2ème place n’a rien d’utopique. Si on comble le manque psychologique que l’on a derrière, on peut faire très mal. On produit beaucoup plus d’occasions que dans le passé. Regardons le positif pour faire un match plein dès dimanche contre Zurich.
Un match qui s’annonce presque couperet pour la suite du printemps et que vous allez aborder avec quatre potentiels titulaires suspendus. Il va falloir bricoler…
Non, je ne dirais pas ça. On a suffisamment d’éléments pour mettre un onze compétitif et avoir neuf remplaçants de qualité. Le travail de Fabio sera de faire les meilleurs choix possibles.
On peut quand même regretter de voir des joueurs expérimentés comme Wylan Cyprien, expulsé pour avoir applaudi l’arbitre, et Mario Balotelli, averti pour la 4ème fois de la saison pour réclamations, tomber aussi bas que dimanche dernier…
Tomber aussi bas n’est pas le bon terme. Évidemment que ce n’est pas intelligent d’applaudir l’arbitre mais regardez l’action dans son ensemble: il y a d’abord une faute sur Wylan qui n’est pas sifflée. Je peux donc comprendre sa frustration. Ils n’ont pas été très malins sur le coup mais depuis le début de la saison, ils n’ont pas été épargnés. J’ai parlé avec des joueurs qui ont évolué à l’étranger et ils m’ont tous demandé ce qu’on avait fait aux arbitres pour être traités de la sorte. On ne va pas recrié à l’injustice mais quand il y a de la frustration, personne n’est un prix Nobel. Même moi, je n’ai pas toujours été intelligent dans mes comportements.
«Un derby doit se vivre avec de la pyrotechnie, pas dans une cathédrale.»Barthélémy Constantin
En parlant de comportements pas très intelligents, les fans sédunois ont été pointés du doigt après le derby du Rhône…
Personnellement, je ne regrette pas de voir de la vie dans un stade de foot. En revanche, je regrette que des personnes soient blessées dans un stade par l’utilisation d’engins pyrotechniques. Après, un match de foot et encore plus un derby doit se vivre avec de la pyrotechnie. L’idéal serait de créer des zones sécurisées pour permettre d’utiliser des fumigènes et de mettre de la vie en tribunes sans risquer de blesser qui que ce soit. Depuis le début de la semaine, tout le monde tape sur nos fans mais ce n’est que du blabla. C’est toujours plus facile de faire des reproches à Sion qu’aux autres. J’aimerais vraiment qu’on juge tout le monde de la même manière. Personnellement, je le répète, je préfère vivre le derby comme dimanche qu’avoir l’impression d’être dans un cathédrale.

Les supporters valaisans ont mis le feu à la Praille dimanche (Photo: Keystone/ATS)
Évoquons un dernier thème important, le potentiel retrait de votre père en juin 2024. Quelle est votre lecture de la situation?
Qu’il faut tout donner encore dix-huit mois. Faisons le maximum pour redonner des émotions aux Valaisans, pour faire vibrer Tourbillon et ramener un ou plusieurs trophées. Je ne m’inquiète pas plus que cela. Chaque histoire a un début et une fin. À nous de la rendre la plus belle possible.
«Je vois bien la réalité dans laquelle est mon père. Si les choses ne bougent pas, c’est impossible de continuer.» Barthélémy Constantin
D’un regard extérieur, on a l’impression que votre père met simplement la pression sur les autorités…
Ce n’est absolument pas le cas. Je vois bien la réalité dans laquelle il est. Si les choses ne bougent pas, c’est impossible de continuer. Des études ont été faites et elles démontrent que les manques sont trop importants en Valais. Pas seulement pour le sport professionnel mais aussi pour le monde amateur. Ça m’attriste pour les plus jeunes.
Ce projet de nouveau stade et de centre d’entraînement à 150 millions qui pourrait redistribuer les cartes, vous y croyez?
J’ai envie d’y croire. Tout ce que je peux vous garantir, c’est que mon père est vraiment prêt à injecter les 50 premiers millions. Il veut aider le Valais, il veut aider la jeunesse et lui laisser un réel héritage. C’est quelque chose qui lui a toujours tenu à cœur. Il est prêt à faire tous les efforts possibles pour faire bouger les choses. On verra bien comment tout ça abouti.
Et si le scénario «du pire» venait à se passer? Que deviendrait Barthélémy Constantin sans le FC Sion?
Bon, mon avenir immédiat, c’est ce match face à Zurich dimanche. Tout ce qui m’importe à l’heure actuelle, c’est de contribuer à ce que les Valaisans vibrent encore en tout cas dix-huit mois. Et si tout devait vraiment s’arrêter, j’irais voir ailleurs.
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