Les députés fribourgeois votent un budget suscitant de l'inquiétude
Malgré des inquiétudes, les députés fribourgeois ont voté mercredi le budget 2023 de l'Etat, grâce aux voix de la droite, la gauche s'étant abstenue. La copie s'affiche à l'équilibre, en vertu du principe constitutionnel, avec un excédent de 103'000 francs.
Le budget a été avalisé par 51 voix contre 1 et 44 abstentions. Le mot "inquiétude" est souvent revenu, a décrit Elias Moussa, rapporteur de la commission des finances et de gestion. Le député PS a cité le recours accru aux fonds et provisions, le recul des recettes fiscales des personnes physiques, le "sombre" avenir de la péréquation fédérale et le financement du système de santé.
Le Grand Conseil a apporté trois retouches. Mardi, il a octroyé 500'000 francs supplémentaires pour les subventions à la création culturelle pour les porter à près de 4,7 millions et 300'000 francs au Service des constructions et de l’aménagement pour accélérer les procédures liées à l’élaboration des plans d’aménagement locaux.
Mercredi, les députés ont ajouté 180'000 francs aux subventions en faveur des partis politiques pour les élections fédérales 2023, avec une enveloppe qui grimpera à 525'000 francs. L’argent sera prélevé dans les trois cas sur le Service de l’informatique et des télécommunications (SITel).
Le budget parvient à couvrir l'évolution "significative" des charges grâce aux ressources extérieures et revenus fiscaux à la hausse, a constaté le grand argentier Jean-Pierre Siggen. "Le Conseil d’Etat a élaboré un budget porteur de stabilité dans une période incertaine", a-t-il répété.
Les investissements (283,8 millions) et l’intégration des baisses fiscales votées par le Grand Conseil visent à renforcer l’économie et le pouvoir d’achat, a ajouté le conseiller d'Etat. La copie comprend une hausse des charges et revenus de 3,9%, à 4,05 milliards de francs, un record, les 3 milliards remontant à 2010.
La droite a fait part de sa vive inquiétude. "A ce rythme de croissance des charges, nous n'aurons plus de réserves d'ici à trois ans", a lâché l'UDC Stéphane Peiry. Sans oublier le risque de récession, avec la politique monétaire restrictive instaurée par la Banque nationale suisse (BNS) pour contrer l'inflation.
Son collègue PLR Andreas Freiburghaus, pour le groupe PLR/PVL, a évoqué un budget "dangereux", en référence au dépassement de la barre des 4 milliards. Le Centre a parlé d'une continuation, s'est réjoui le député Hubert Dafflon, qui entend bien veiller à la concrétisation des investissements.
Ces derniers, avec leur montant "nettement supérieur" aux deux précédents budgets ainsi qu’à celui des comptes 2021, reflètent un programme "très ambitieux". Ils comprennent des achats d’immeubles et des projets d’envergure.
Le Vert François Ingold, pour les Verts et Alliés, a déploré l'absence de perspectives encourageantes. Il a ponctué son discours de nombreux "jusqu'ici tout va bien", liés à un individu tombant du 50e étage d'un immeuble. "L'atterrissage compte davantage que la chute", a-t-il précisé, en mentionnant l'Hôpital fribourgeois (HFR).
Le groupe socialiste, à l'instar des Verts et Alliés, est entré en matière, tout en affirmant vouloir s'abstenir au vote final. "Le PS ne veut pas se faire le complice d'une politique réduisant les prestations", a dit Marie Levrat, parlant d'un "manque d'ambition" en évoquant la priorité donnée par la droite aux baisses d'impôts.
Les variations entre 2022 et 2023 proviennent en partie d’une évolution favorable de certaines recettes fiscales. Si l’impôt sur le revenu des personnes physiques recule de 25 millions de francs, l’impôt sur le bénéfice des personnes morales croît de 24 millions. La part à l’impôt fédéral direct augmente de 19 millions.
Les revenus des biens et autres recettes diminuent de 45,6 millions. La contraction est liée principalement au fait qu’aucune répartition du bénéfice de la BNS n’est budgétisée, au vu des résultats intermédiaires et contrairement à ce qui avait été retenu en 2022. La provision BNS sera ponctionnée de 50 millions pour compenser.
La péréquation financière de la Confédération apporte 51,4 millions de francs en plus. En ce qui concerne les subventions fédérales, une hausse "notable" de 45 millions provient des récupérations de l’aide sociale pour les demandeurs d’asile et réfugiés, dont les charges liées à la guerre en Ukraine.
Côté dépenses, les charges de personnel (+4,7%) dépassent de manière "significative" celle de l'entier des charges (+3,9%). Outre les nouveaux postes (+151 EPT, surtout pour l’enseignement et les travailleurs sociaux dans les écoles), l’indexation à l’inflation (+2,55%) a des effets "non négligeables" sur la masse salariale.