Un hebdo chablaisisen soutenu par les communes? Le projet ne fait pas l'unanimité
Et si le Chablais se dotait d'un journal?
Et si le Chablais se dotait d'un journal? Les responsables de l'hebdomadaire Le Regional y réfléchissent en tout cas. Un projet qui devrait se faire en collaboration avec Le Nouvelliste et les 28 communes concernées. Mais certaines d'entre elles refusent déjà: payer 4 francs par habitant pour un journal distribué gratuitement dans toutes les boîtes aux lettres, le jeu n'en vaut pas la chandelle.
La directrice et rédactrice en chef du journal Le Regional, Stéphanie Simon croit en cette initiative de nouvel hebdomadaire: le Chablais est en pleine mutation, la région a donc besoin d'une publication commune. La responsable de presse reste pourtant prudente: le projet en est encore en phase d'élaboration; pour l'instant, il s'agit simplement de demander l'avis des communes. Et les retours tombent progressivement. «Les premiers résultats sont pour l'instant très différents d'une réponse à une autre, analyse Stéphanie Simon. La plupart des communes nous ont demandé des rendez-vous pour que l'on définisse le meilleur format pour elles.»
«Oui, mais pas à n’importe quelle condition»
Température prise, l'engouement n'est pas généralisé. Du côté d'Aigle, aucune décision n'a été prise pour l'instant: "il ne faut pas brusquer, c'est un projet qui doit prendre le temps d'être élaboré correctement et digéré", réagit le syndic, Frédéric Borloz. Plus en amont du Rhône, à Monthey, on hésite encore: il y aurait un intérêt pour un tel hebdomadaire, mais pas à n'importe quelle condition, selon le président, Stéphane Coppey. «Nous n'avons pas encore voté au sein du Conseil municipal. Mais en ce qui me concerne, et après avoir discuté avec des présidents du district de Monthey, il nous paraît important qu'une toute grande majorité des communes adhère au projet. C'est même une condition essentielle pour que nous puissions communiquer un "oui" de principe.»
Même son de cloche donc à Vouvry qui soutient le journal à condition que la majorité des communes, soit celles représentant 90% de la population soient de la partie.
"Pas un enthousiasme général"
Du côté de St-Maurice, l'exécutif a tranché. Non, il n'entrera pas en matière. «Tout d'abord, nous n'avons pas de base légale pour intervenir dans ce type de subventionnement, explique son président, Damien Revaz. Cela ne fait pas partie des tâches que nous devons accomplir. Ensuite, dans notre budget, cela aurait tout de même été un montant qui pèse. Une telle décision aurait impliqué évidemment que l'on prenne ailleurs, dans d'autres prestations et c'était quelque chose que nous ne voulions pas faire. Et puis finalement, je trouve que la région est déjà suffisamment couverte par la presse locale.» Autre exemple à Evionnaz, où la décision est très claire: «Nous avons voté à l’unanimité, précise le président, Gilbert Jacquemoud. Nous disons non, que ce soit pour 2020 ou plus tard.»
On trouve des voix critiques également dans le Chablais vaudois. A Ollon, on ne soutiendra pas le projet. «Nous avons déjà un journal communal que nous comptons garder, explique le syndic Patrick Turrian. De plus, payer une structure privée avec de l’argent public ne nous paraît aujourd’hui pas une bonne idée.» Il ajoute qu’il serait bien plus intéréssé à un mensuel de fond qui concernerait le Chablais; une offre qui pourrait être complétée par un journal numérique créé en collaboration avec Radio Chablais. Selon lui, l’actualité sous forme d’hebdomadaire est déjà très bien couverte par Le Regional, pas besoin donc d’un journal supplémentaire.
On ressent donc une certaine frilosité pour ce projet. «Pour l'instant je n'ai pas compris qu'il y avait un enthousiasme général pour ce projet, confirme Damien Revaz. Si c'était le cas, il faudrait évidemment réfléchir davantage à ce genre d'initiatives à dimension chablaisienne. Mais cela ne semble pas être une réalité aujourd’hui.»