Un éducateur valaisan condamné pour contrainte sexuelle et actes d'ordre sexuel avec des enfants
Un éducateur valaisan condamné pour contrainte sexuelle et actes d'ordre sexuel avec des enfants. L'homme écope de cinq ans de prison pour avoir abusé sexuellement de deux pensionnaires dont il avait la charge.

L'affaire éclate au grand jour en août 2020. Un médiateur scolaire est engagé par la Ville de Sion. Sous le coup d'une instruction pénale, l'homme démissionne quelques semaines après avoir pris ses fonctions.
Éducateur dans un institut du Valais central, il est accusé par un ancien pensionnaire d'abus sexuels. A cinquante reprises au moins. La victime a séjourné dans l'établissement de 2003 à 2007, entre ses 8 et 13 ans. Les faits se sont en partie déroulés la nuit lorsque l'éducateur se chargeait des veilles au foyer. Il réveillait le garçon avant de l'emmener dans sa chambre de veille pour lui imposer des relations. Selon la victime, l'éducateur a même parfois fait des allers-retours à son domicile pour réduire le risque d'être surpris, relate l'acte d'accusation. Un épisode s'est aussi déroulé lors d'un camp organisé au Tessin par l'institut.
Une affaire en cache une autre
En août 2020, la victime pousse la porte de la Police cantonale pour porter plainte. L'instruction permettra de découvrir l'existence d'une deuxième victime. "Dès que la police lui parle de l'éducateur, il dit : j'ai quelque chose à vous dire", raconte Natacha Albrecht, son avocate. "Petit à petit, il commence à dire qu'il a vécu des horreurs de la part de son éducateur, avant même que la police ne lui pose les premières questions", poursuit Natacha Albrecht.
Pensionnaire de cet institut, la seconde victime a fréquenté le foyer entre 2004 et 2009, soit entre ses 8 et 13 ans. Il a subi de son éducateur des caresses inappropriées et des attouchements à caractère sexuel.
L'instruction a permis de corroborer les versions des deux victimes, même près de quinze ans après les faits. "Des doutes, il y en a toujours dans ce genre d'affaire puisqu'on se retrouve dans un huis clos avec déclarations contre déclarations", reconnaît Ludovic Schmied, le procureur de l'Office régional du Valais central. "Il faut amener devant le tribunal des éléments suffisants pour corroborer les accusations", explique le représentant du Ministère public. "La crédibilité des victimes a pu être vérifiée aussi par de nombreux témoignages", ajoute Natacha Albrecht.
Cinq ans de prison ferme
Le verdict a été rendu le vendredi 11 octobre 2024. Dans sa lecture, le président du Tribunal du deuxième arrondissement pour le district de Sion a rappelé l'imprescriptibilité des faits reprochés à l'éducateur. Il a souligné les indices convergents, les témoignages concordants et le récit clair des victimes. Tout le contraire du prévenu, empreint de contradictions, a estimé le tribunal. "Le prévenu n'a eu de cesse de rejeter la faute sur les victimes et n'a fait preuve d'aucun regret", a appuyé le président.
En conséquence, le tribunal a condamné l'éducateur à cinq ans de privation de liberté. Une peine assortie d'une interdiction d'exercer une profession en contact régulier avec des mineurs durant cinq années. "Le seul moyen pour une prise de conscience", a insisté le président.
À l'issue de l'audience, les parties plaignantes ont fait part de leur soulagement. "C'est une grande victoire pour toutes les victimes de ce genre d'abus", réagit Natacha Albrecht. "On a convaincu trois juges qu'il y avait eu des infractions à l'intégrité sexuelle de ces enfants. C'est beaucoup d'émotions", ajoute l'avocate. "Les victimes ont été entendues", se félicite-t-elle.
Même satisfaction pour l'avocat de l'autre victime. "C'est une première étape sur un chemin de reconstruction qui risque d'être long au vu des faits qu'il a subis", réagit Grégoire Varone.
L'éducateur nie les faits qui lui sont reprochés. Son avocat avait plaidé l'acquittement lors du procès. Contacté, l'homme de loi n'a pas retourné nos appels. Un recours est toujours possible au Tribunal cantonal. "On se battra jusqu'au bout", assure Natacha Albrecht. "Il y a un faisceau d'indices concordants", répète l'avocate.
Un appel aux autres victimes d'abus sexuels
L'une des victimes a chargé son avocat de nous transmettre un plaidoyer en faveur de la libération de la parole. "Les victimes d'atteinte à l'intégrité sexuelle ou à la personne ne doivent pas hésiter à parler. Elles ne doivent pas rester murées dans le silence", récite Grégoire Varone. "Il y a des centres pour les victimes — les centre LAVI — pour accueillir leur parole, les encadrer et les guider dans cette aventure douloureuse", ajoute l'avocat.