Trop de hiboux grands-ducs meurent électrocutés : un assainissement des pylônes est prévu
Electrocution des hiboux grands-ducs : les pylônes dangereux pourraient tous être assainis d’ici fin 2030. Pour l'Association valaisanne des entreprises électriques, ce délai ne semble pas réaliste.

Le taux de mortalité chez les hiboux grands-ducs atteint 40% en Valais. Un chiffre élevé qui serait dû à l’activité humaine. Et plus particulièrement aux pylônes des lignes électriques de moyenne tension. Les hiboux grands-ducs ne sont plus qu’une dizaine en Valais. «Ce rapace nocturne habite les falaises qui longent la plaine du Rhône», explique Emmanuel Revaz, collaborateur scientifique à l’antenne valaisanne de la Station ornithologique suisse. «Et c'est lorsqu'il est en activité de chasse, que le grand-duc se perche sur les pylônes électriques qui lui sont fatals.»
«On vise à développer la sensibilisation auprès des distributeurs électriques et des CFF.» Emmanuel Revaz, Antenne valaisanne de la Station ornithologique suisse
Le problème n’est pas nouveau. Une révision de l’Ordonnance sur les lignes électriques est d’ailleurs prévue. Objectif : clarifier les exigences par rapport à l’assainissement des pylônes dangereux pour la faune. «L'ordonnance est un processus qui se fait au niveau de la Confédération», ajoute Emmanuel Revaz. «Nous en tant que station ornithologique, en partenariat avec le Service de la chasse, on vise surtout à développer la sensibilisation auprès des distributeurs électriques et des CFF.»
Tout assainir d'ici fin 2030
1'700 pylônes ont été recensés dans toute la plaine du Rhône, de Gampel au Bouveret. Et le coût estimé pour l'assainissement d'un seul pylône est de 3'000 francs. Selon l'ordonnance modifiée, tous ceux qui posent problème devraient être assainis d'ici fin 2030. Si l’Association valaisanne des distributeurs d’électricité soutient cette révision, pour Samuel Claret, son président, ce délai n’est pas réaliste. «Dans le domaine de l'énergie, un délai aussi court est problématique, tant d'un point de vue de la réalisation des travaux, que d'un point de vue économique.»
«On supprime 50 à 60 pièges par an» David Mottet, responsable département Réseau électrique SEIC Teledis
Cela fait plusieurs années que SEIC Teledis, entreprise électrique basée à Vernayaz, travaille en collaboration avec la station ornithologique. «On réalise chaque année des travaux pour protéger les oiseaux de nos lignes électriques», explique David Mottet, responsable du département réseau électrique. Pour lui, le délai imposé à fin 2030 pour tout assainir semble raisonnable. «On a encore 150 poteaux à assainir, qu'on va protéger ou mettre en souterrain. On a un rythme de 50 à 60 suppressions de pièges par an». Selon David Mottet, si les travaux sont bien planifiés, le report des coûts sur le transport reste raisonnable. Parce qu'au final ce coût est reporté sur la facture du client.
La modification de l’Ordonnance sur les lignes électriques (OLEI) est soutenue par le canton. Elle devrait entrer en vigueur pour le milieu de l’année 2021. Cet assainissement se chiffre en centaines de millions de francs pour toute la Suisse.