Tourisme d'achat : à Saint-Gingolph, les nouvelles règles sont globalement respectées
Depuis le 1er janvier 2025, les Suisses qui font leurs courses de l'autre côté de la frontière doivent s'acquitter de la TVA dès 150 francs d'achat, soit deux fois moins qu'auparavant. Reportage au poste frontière de Saint-Gingolph, trois semaines après l'entrée en vigueur de la nouvelle loi.

Nouvelle restriction pour le tourisme d'achat. Depuis le 1er janvier 2025, les Suisses qui font leurs courses de l'autre côté de la frontière ont vu la franchise des marchandises exemptée de TVA divisée par deux. Les voyageurs peuvent désormais rapporter seulement 150 francs d'achat par personne, contre 300 francs auparavant. Au-delà de ce seuil, ils doivent payer la taxe sur la valeur ajoutée suisse pour les biens importés. La nouvelle législation répond à un mandat du Parlement fédéral et à deux initiatives cantonales pour limiter le tourisme d'achat.
La nouvelle législation est entrée en vigueur le 1er janvier 2025. Et les Suisses qui font leurs achats à l'étranger n'ont qu'à bien se tenir. Tolérance zéro. "Quand une loi entre en vigueur, il faut la respecter dès le premier jour", insiste Donatella Del Vecchio, porte-parole de l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF). Les contrôles ne seront toutefois pas plus nombreux, promet la Confédération. L'OFDF rappelle aussi que des contrôles peuvent être effectués à l'intérieur du pays, proche des zones frontalières.
Les amateurs de tourisme d'achat peuvent déclarer eux-mêmes les marchandises à l'importation et verser les éventuelles redevances au moyen de l'application de dédouanement QuickZoll. Il est aussi toujours possible de remplir une déclaration directement dans un poste frontière. Faute de quoi, les contrevenants risquent une amende, qui varie en fonction du dépassement de la marchandise autorisée.
Des voyageurs bien informés des nouvelles normes
Trois semaines après l'entrée en vigueur de la loi, les amateurs de tourisme d'achat semblent plutôt bien informés. "Les Valaisans connaissent bien cette nouvelle disposition. Par contre, les voyageurs à plus longue distance, notamment dans les trains internationaux, la connaissent un peu moins", explique Donatella Del Vecchio.
Au poste frontière de Saint-Gingolph, les voyageurs rencontrés – souvent des habitués du tourisme d'achat dans la région d'Evian – connaissent pour la plupart la nouvelle règle. "J'ai entendu vaguement que c'était désormais 150 francs", reconnaît cette dame âgée. "Je vais à Lugrin tout le temps", poursuit-elle. En règle, elle poursuit son chemin.
Cette automobiliste a aussi eu vent de la nouvelle législation. Mais, la date de son entrée en vigueur lui avait échappé. "J'ignorais que c'était en vigueur dès maintenant ", reconnaît-elle. "Si on part avec mon mari, on fait de plus grandes courses pour 300 francs. Mais, là, je me suis arrêtée à 150 francs", sourit-elle.
"Pour arriver à 150 francs par personne, il faut vouloir", indique ce retraité au garde-frontière. Habitué du tourisme d'achat, il dénonce la restriction prise par les autorités. "La mesure retombe sur les consommateurs", déplore-t-il. "On est un îlot de cherté en Suisse. Je comprends bien qu'il faut faire fonctionner les commerces en Suisse, mais de toute façon, ceux qui font les courses en France, ne feraient pas leurs achats chez l'épicier du coin" commente-t-il.
Ce jour-là, aucun automobiliste n'a été pincé avec plus de 150 francs d'achat à la frontière lors de notre présence sur place.