Témoignage : un collaborateur du FC Sion bouleversé en évoquant l'enfer de Bergame
Avec l'ouverture des frontières décidée ce lundi 15 juin, on en sait plus sur le drame qu'a vécu l'Italie du Nord. Témoignage du responsable merchandising du FC Sion : il est resté confiné 40 jours dans la ville martyre de Bergame.
C'est un personnage haut en couleur, Serse Pedretti. Le sourire aux lèvres, il parle constamment, mélangeant la langue de Molière et celle de Dante. C'est dans ses bureaux de Martigny qu'il nous reçoit ce jeudi. Au mur, des maillots de dédicacés par des légendes du football. Après tout, son métier, fournisseur de vêtements pour clubs sportifs. Logique.
Entre Bergame et Martigny
En Valais, il est le Responsable Merchandising du FC Sion. Sa vie se passe entre l'Italie et la Suisse. Martigny d'un côté, Bergame de l'autre. Ça, c'est en temps normal. Car dès le début de la pandémie de coronavirus, durant plus de 40 jours, Serse Pedretti est resté à Bergame. Bergame, la ville la plus touchée d'Europe, la «ville martyre» comme l'ont nommée les journaux du monde entier : «Il ne faut pas oublier que 6000 personnes sont mortes à Bergame, déclare Serse Pedretti. Si l’on ajoute les morts dans les EMS, je pense que la barre des 10’000 morts est franchie, 10 fois plus que dans toute la Suisse, c’est énorme (...) Cela te prend le cœur, les sentiments. Tu as tout le temps peur. Pour toi, pour ta famille. Peur que les enfants soient en contact avec les grands-parents. C’était un déchirement, c’est fou».
A Bergame, tout le monde a un proche qui est mort
Bergame, la ville en plein cœur de la Lombardie. 122’000 habitants. Ce n’est pas loin, à trois-quatre heures de route du Valais. Et pourtant. Tout le monde là-bas a un proche qui est mort durant la pandémie. Serse Pedretti ne fait pas exception : «Un matin, dès 7 heures, j’ai commencé à recevoir des messages. On annonçait des morts dans mon entourage. A midi, sept de mes proches étaient partis. A midi, j’ai éteint mon téléphone, je n’en pouvais plus».
Le Valais, une délivrance
Au total, nous confie Serse, une septantaine de personnes qu’il connaissait sont mortes à Bergame durant ces deux derniers mois. Lors de l’entretien, Serse est gagné par l’émotion (cf. interview ci-dessous). «Revenir en Valais, ça a été pour moi comme une délivrance, une renaissance.» Serse Pedretti qui conclut par ces mots : «Tu passes la frontières et tu vois le soleil. A Bergame, aujourd'hui nous avons aussi le soleil. Mais ce n’est pas le même, ce n’est plus le même». La phrase de Serse Pedretti est forte et doit faire réfléchir. Les frontières avec l'Italie ont rouvert lundi dernier, le 15 juin. Les autorités appellent encore et toujours à respecter les consignes sanitaires. Une seconde vague est toujours possible.
Ci-dessous, ne manquez pas le témoignage de Serse Pedretti.