Sur l?axe du Gd-St-Bernard, l'état de quatre ponts inquiète la Confédération

L'axe routier Martigny/Gd-St-Bernard inquiète. La Confédération estime que des parties du tronçon sont dans un état critique. 50 millions de francs seront rapidement injectés ces 5 prochaines années.
La route du Grand-Saint-Bernard est dans un état très préoccupant. C'est la Confédération elle-même qui le dit dans un document publié début juillet, intitulé «Rapport 2019 d’état des nouveaux tronçons du réseau des routes nationales». Depuis le 1er janvier 2020, la Confédération englobe dans son réseau de routes nationales quelques 413 kilomètres de tronçons qui jusqu'alors appartenaient aux cantons. Comme ces routes sont jugées d'importance nationale, elles sont désormais gérées, comme les autoroutes, par l'Office fédérale des routes (OFROU).
L’axe du Gd-St-Bernard pointé du doigt
En Valais, deux axes sont concernés : 10,47 kilomètres de route dans le Haut-Valais, sur le tronçon Goppenstein-Gampel... Et 36,79 kilomètres de route reliant Martigny au tunnel du Gd-St-Bernard. Et c'est ce dernier tronçon qui inquiète peut-être le plus. En lisant le rapport, c'est écrit noir sur blanc, on apprend que quatre ponts sont en très mauvais état :
N21 – Martigny-Expo – Gd-St-Bernard :
- G0761 Pont Durnand : exposition et corrosion des armatures de la dalle du pont ; capacité de portance remise en cause.
- G2961 Pont Palasuit : très forte corrosion du tablier du pont ; capacité de portance remise en question.
- G3021 Pont Garin : armature supérieure entièrement dégagée, étanchéité manquante, corrosion à grande échelle sur la face inférieure, portance remise en question.
- G3921 Pont Perche : les chlorures passent sous le pont et attaquent l’armature.
A la question, dans quel état se trouve l'axe Martigny-Gd-St-Bernard ? La réponse de David Wetter, chef de la filiale de Thoune à l’OFROU : «Nous avons analysé le tronçon. Nous avons remarqué que c’est un tronçon «critique» dans beaucoup d’éléments. Critique et mal, je dois le dire». David Wetter qui poursuit : «Mais ça ne veut pas dire que ces ponts sont sur le point de s’effondrer, de tomber en petits morceaux. Cela veut dire que nous devons vraiment commencer les planifications le plus vite possible. Analyser quelles sont les parties les plus critiques et comment réagir». Ecoutez le responsable à l’OFROU ci-dessous.
50 millions sur 5 ans, investis par la Confédération
Des travaux doivent être effectués rapidement. «En tout, seulement pour ce tronçon, on estime à 50 millions de francs de travaux étalés sur 5 ans», reprend David Wetter. «C’est une première étape. Parallèlement, nous réalisons d’autres analyses. Je pense ici aux risques liés aux dangers naturels par exemple. Ce sont des travaux qui n’ont pas été réalisés depuis 15 ans. Alors forcément, on ne peut pas rattraper tout ça en deux-trois mois». Le canton du Valais a-t-il négligé une partie de son réseau routier ? David Wetter répond : «Dire ça, c’est peut-être exagéré. Des erreurs, c’est clair. Maintenant il faut le dire, cette route a une autre importance. Nous avons d’autres priorités, la fluidité et la sécurité, c’est vraiment la priorité numéro 1.»
«Une bonne route pour le Valais n’est pas forcément une bonne route pour la Confédération». Vincent Pellissier, chef du Service de la mobilité
Un tronçon dans un état critique, soit. Mais le rapport de la Confédération le dit, «ces dégâts importants n'influencent pas la sécurité structurale du trafic». Comment expliquer ce rapport alarmant, le Valais a-t-il «refilé» un tronçon défaillant à la Confédération ? «Non», répond Vincent Pellisier. Pour l’expliquer, le chef du Service valaisan de la mobilité nous parle d'un niveau d'exigence bien plus élevé du côté de Berne. «Une bonne route pour le Valais n’est pas forcément une bonne route pour la Confédération. Berne a des niveaux d’attentes de qualité de service, de prestations, plus élevés. C’est en cela qu’il faut se réjouir que la Confédération ait repris ces routes», déclare Vincent Pellissier. Pourquoi ? «Car ils vont mettre en conformité, au niveau des normes et au niveau environnemental, cette route. Tout cela pour que demain, ce soit le niveau d’exigence des routes nationales qui soit atteint et pas le niveau cantonal».
Le Valais n’a pas les moyens
Le niveau d’exigence est plus élevé du côté de la Confédération. Il faut dire que la force de frappe des autorités fédérales est sans commune mesure avec le Valais, explique l’ingénieur cantonal : «Effectivement, reprend Vincent Pellissier, le Valais gère 1800 kilomètres de routes cantonales. La Confédération gère, elle aussi, 1800 kilomètres de routes. C’est le même nombre de kilomètres, sauf que Berne a environ 10 fois plus d’argent à disposition. Alors forcément, in fine, le réseau est mieux entretenu».