Suicide assisté: "Le décès de ma maman s'est passé en douceur... un merveilleux moment"
Les demandes de suicide assisté ne cessent d’augmenter dans le canton. Rencontre avec une Valaisanne qui veut briser les tabous qui subsistent. Elle qui a accompagné sa maman dans ses derniers instants de vie, en gardant dans l'ignorance le home où elle résidait.
Le suicide assisté : une solution à laquelle recourent de plus en plus de Valaisans. L'association Exit enregistre chaque année une augmentation des demandes. En 2019, 352 personnes ont reçu l'assistance d'exit, dont 31 en Valais. Et depuis le 1er janvier, l'association compte 23 décès dans le canton.
Pour en parler, nous vous proposons le témoignage de Barbara. Cette Valaisanne a accompagné sa maman dans ses derniers mois et instants de vie. Elle qui a décidé de mettre fin à ses jours, en janvier dernier, à l'âge de 89 ans. «C’était un tout, se confie Barbara. Des problèmes de santé accumulés, une lourde souffrance morale, son inconfort dans la vie de foyer. Si bien qu’au moment d’adresser sa demande à l’association Exit, elle rayonnait à nouveau, sachant qu’elle allait pouvoir nous quitter à la date qu’elle avait choisie, en accord avec ses valeurs et dans la dignité.»
Prendre le temps de dire adieu
Ainsi son départ a été minutieusement préparé. Ses affaires mises en ordre, petit à petit. «C’est très beau à faire, confie Barbara. Rien n’était brusqué, nous avions six mois pour tout régler, ce qui nous a permis de prendre le temps, de se dire ce qu’on avait à se dire, d’écrire à qui on avait envie d’écrire. C’était un décès tout en douceur et sérénité. Et si ma maman me manque chaque jour, c’est un deuil léger à porter.»
Encore tabou
Si le suicide assisté est reconnu comme une liberté individuelle, qu'ils soient résident d'un home ou pas, le sujet n'est pas toujours abordé sans tabou, ni conflit. Rappelons le long débat qui avait secoué le Parlement valaisan ce printemps, où il était question de retirer purement et simplement cet article de la loi sur la santé.
Le caractère sensible de cette décision a d'ailleurs encouragé Barbara et sa maman à agir loin des murs de l'EMS où elle résidait…mais en totale transparence avec leur famille et amis. «Nous ne voulions rien cacher à personne, insiste Barbara. C’est la situation du home qui nous a dissuadé d’en parler, ma maman avait peur d’être jugée, culpabilisée ou freinée dans sa démarche. Mais chaque personne de notre famille est au courant et a compris ce choix. Les adieux ont été faits en bonne et due forme, aux enfants aussi.» Barbara milite pour briser les tabous qui subsistent autour du suicide assisté. Elle-même qui compte adhérer à l'association Exit.
Ecoutez ci-dessous le témoignage de Barbara.