Spécialisé dans la "pharma", Debiopharm franchit un cap à Martigny
Une unité de production assortie d'un laboratoire de recherche, le tout flambant neuf : c'est le nouvel écrin inauguré jeudi par le groupe Debiopharm sur son site de Martigny.
Une unité de production assortie d'un laboratoire de recherche, le tout flambant neuf : c'est le nouvel écrin inauguré jeudi par le groupe Debiopharm sur son site de Martigny.
Il aura fallu 18 mois de travaux et un investissement de quelques 15 millions de francs pour les rendre opérationnels. Cette enveloppe supplémentaire porte à 125,7 millions les montants engagés sur 15 ans par ce groupe particulièrement spécialisé dans les traitements par injection, prioritairement dans le registre de l'oncologie mais également dans "l'anti-bactérien" et l'auto-immune. "Nous faisons du développement pharmaceutique en allant chercher des molécules qui ont déjà pu montrer une certaine efficacité pour en faire un produit", explique Cédric Sager, CEO Debiopharm à Martigny.
Une "succes story" qui n'était pas gagnée d'avance
L'aventure du groupe a démarré en 1979 à Martigny, fondée par le Docteur Rolland-Yves Mauvernay. En 1981, il crée le laboratoire Cytotech qui deviendra Debio R.P. Après avoir travaillé sur l'interféron et ses utilisations dans un domaine qui concerne autant l'oncologie et les système immunitaires.
Mais c'est dès 1982 que la société se met à travailler au développement de son premier produit phare, la triptoréline pour laquelle elle vient d'acquérir les droits. La molécule de synthèse devient rapidement la source de traitements en amélioration perpétuelle contre le cancer de la prostate (mais aussi depuis très récemment, à l'été 2015, contre une maladie rare, la CPP pour "puberté précoce centrale"). En 1989, Debiopharm va s'offrir une nouvelle licence, cette fois pour l'oxaliplatine destinée à soigner les cancers du rectum et du colon.
En plein essor, la société frisera pourtant le déluge en 2002, à la perte de son plus gros distributeur américain. "Je suis très épaté par la manière dont nous avons alors résolu nos problèmes. Tout le monde était là et lorsqu'on a retrouvé un nouvel agent, un distributeur aux Etats-Unis, on a même travaillé le 24 décembre et le 1er janvier. Certains n'ont même pratiquement pas arrêté durant 30 jours et tout le monde était volontaire", salue Thierry Mauvernay, administrateur délégué de Debiopharm Group. A compter de cette année charnière, les développements n'ont plus cessé, multipliant par 16 le volume des productions, entre 2001 et aujourd'hui.
L'avenir passera par de nouvelles opportunités
Désormais, l'outil martignerain est entièrement modernisé. Il permettra non seulement d'automatiser la production actuelle d'injections hautement spécialisées mais également d'envisager de nouveaux champs d'activités avec, déjà, 180 "opportunités industrielles" qui lui ont été soumises et une prévision de 30 à 50 millions supplémentaires d'investissements.
Ceci pour autant que le futur "nouveau produit" réponde aux attentes de patients, au cœur des préoccupations du groupe explique Cédric Sager, CEO pour Debiopharm Martigny. Ces développements passeront par le projet "Futura" d'ici 2018-2020. Mais dans ce registre à haute valeur ajoutée soumis à la concurrence des poids lourds mondiaux de la pharma, pas question de choisir un "produit par défaut" précise Thierry Mauvernay. Le droit à l'erreur n'existe en effet pas dans un domaine où la confidentialité est de mise, jusque aux détails des chiffres, concède l'administrateur délégué, parce que dit-il, "si les gens ne connaissent pas nos chiffres, c'est un énorme avantage concurrentiel".
Le groupe dispose de 350 collaborateurs - dont près de la moitié à Martigny -, d'un panel de 500 experts et de 6000 contrats de confidentialité. Debiopharm compte aujourd'hui parmi les leaders mondiaux de certains produits injectables.