Politique : le Valais placé sous "protection divine" ? La formule qui interroge
En Valais, depuis toujours, le président du gouvernement parle de «protection divine» lorsqu’il s’adresse au Grand Conseil.
En Valais, depuis toujours, le président du gouvernement parle de «protection divine» lorsqu’il s’adresse au Grand Conseil. Retour sur une formule de politesse traditionnelle, qui suscite aujourd’hui bien des interrogations.
7 janvier 2020. Les vœux du Conseil d'Etat. Le président en action, Roberto Schmidt, prend la parole devant les responsables politiques, militaires, judicaires et religieux du canton. En présence de l'évêque du Diocèse de Sion en personne, Roberto Schmidt affirme que la «providence divine» a contribué au succès de l'année écoulée. Roberto Schmidt croit en Dieu, il ne s'en cache pas : «On a quelqu’un qui nous a créé, quelqu’un qui nous protège, nous aide», affirme-t-il sur Rhône FM. «Je suis croyant. La protection divine, la providence divine, c’est important. Ici, l’église a sa place. En Valais l’église a toujours sa place.»
De droite ou de gauche, tous les présidents successifs parlent de Dieu
En vérité, l’église et Dieu ont toujours eu leur place dans la politique valaisanne. Dans un message daté du 10 mai 1839, intitulé «Fidèles et chers Confédérés», Janvier De Riedmatten, premier président du Conseil d'Etat valaisan, termine son discours par ces mots, "nous vous recommandons avec nous à la protection divine." Depuis lors, tous les messages des présidents du conseil d'Etat, adressés au Grand Conseil se terminent ainsi. Qu'ils soient de droite, ou de gauche.
Au parlement valaisan, tous les députés ne s’affirment pas chrétiens ou croyants. Exemple avec la socialiste Barbara Lanthemann (et présidente du PSVr): «Moi qui me définis comme une personne agnostique, je suis toujours étonnée par ce genre de messages. La croyance de chacun ne me dérange pas. Mais une telle phrase utilisée comme formule de politesse, balancée lors de tous les messages, ça manque de sincérité. Lorsque l’on recommande quelqu’un à la protection divine, ce n’est pas rien ! Une personne non-croyante ne devrait pas utiliser une telle phrase».
Doit-on perpétuer la tradition ?
Ici, la sincérité de Roberto Schmidt n'est pas remise en cause. Le président justifie cette formulation, il persiste et signe. «On vit sur une terre de tradition chrétienne. Le préambule de notre Constitution parle de «Dieu Tout-Puissant». Que le Conseil d’Etat, soumis à cette Constitution, parle de la protection divine, cela ne me gêne personnellement pas».
Le 1er mai 2020, tournus oblige, un nouveau président prendra place à la tête du gouvernement. Ce sera à nouveau un PDC. Interrogé sur la "la protection divine", Christophe Darbellay botte en touche. "Je n'entends pas me prononcer sur des sujets qui relèvent de la présidence avant ma prise de fonction". Affaire à suivre.