Ministère public : la première année de la procureure générale Beatrice Pilloud
Depuis une année, Beatrice Pilloud dirige le Ministère public valaisan. La procureure générale devait ramener de la sérénité au sein du parquet valaisan. Bilan.

Première année à la tête du Ministère public du canton du Valais. Beatrice Pilloud est entrée en fonction le 1er janvier 2024. Elle remplaçait à ce poste Nicolas Dubuis. Sous le feu des critiques pour sa mauvaise gestion du parquet valaisan et son manque d'engagement dans les affaires sensibles, le magistrat saviésan laissait une institution en plein désarroi. Beatrice Pilloud avait la lourde tâche de ramener de la sérénité dans l'instruction pénale valaisanne. "J'espère avoir tout mis en œuvre pour y parvenir. Maintenant, il faut demander à mes procureurs si j'y suis parvenue", sourit Beatrice Pilloud.
En quelques mois, Beatrice Pilloud a dû passer d'avocate pénaliste à procureure générale. Dans une interview donnée quelques jours avant son entrée en fonction, elle reconnaissait avoir sans doute besoin d'une période d'adaptation. Finalement, il n'en a rien été. "Je connaissais déjà toutes les manières d'instruire de chaque procureur", explique l'ex-avocate pénaliste.
En février, deux mois après son entrée en fonction, Beatrice Pilloud mène sa première audition. Sur l'affaire des abus sexuels au sein de l’Église catholique. "Mon adjointe m'a proposé de faire une répétition. Après à peine une minute, elle s'est rendu compte qu'il n'y avait aucun souci à se faire", rigole-t-elle.
Des dossiers sensibles et proches de la prescription
En plus de diriger le travail du Ministère public, Beatrice Pilloud avait comme objectif de prendre davantage en main les affaires sensibles. Un reproche fait à son prédécesseur par le Grand Conseil. Elle s'est notamment saisie des affaires d'abus sexuels au sein de l’Église catholique. Autre dossier retentissant : le drame de Tête Blanche, qui a coûté la vie à six alpinistes, dont plusieurs membres d'une même famille. "Les faits sont terribles et ils se passent en direct sous vos yeux", raconte Beatrice Pilloud. "Ce n'était pas évident à gérer d'un point de vue émotionnel", se confie la procureure générale. Au moment des faits, elle se trouvait au poste de commandement et a assisté en live à la découverte des corps.
Autre objectif dans le cahier des charges de la magistrate : s'emparer des dossiers proches de la prescription, qui traînaient au fond des tiroirs. À son arrivée, Beatrice Pilloud a fait le tour des dossiers. "Certains dossiers étaient déjà prescrits", déplore la procureure générale. "C'est frustrant de ne pas amener un dossier en jugement alors qu'il y a probablement une infraction pénale qui a été commise", soupire-t-elle.
Donner sa patte à l'instruction pénale
La procureure générale peut aussi donner une direction à l'instruction pénale. En quelque sorte une ligne directrice. Si Beatrice Pilloud reconnaît qu'elle n'a pas pu encore instaurer sa patte, elle va s'y atteler en 2025 avec sa politique criminelle. Trois infractions feront l'objet d'une tolérance zéro : la criminalité économique, les infractions sexuelles et les stupéfiants. "Chaque procureur doit garder sa marge de manœuvre. C'est pour ça que je ne parle pas d'une ligne dure, mais d'une voie", explique-t-elle.
En 2025, Beatrice Pilloud devra s'atteler aussi à la dématérialisation de la justice. Numériser la justice.
Des ressources supplémentaires ?
La réforme du Ministère public a permis la création de six postes de greffiers supplémentaires dans le budget 2024 de l’État du Valais. Ces ressources ont permis en partie d'amortir la hausse de la charge de travail du Ministère public en 2024. Le nombre de dossiers entrants a augmenté de 8%, soit mille affaires supplémentaires.
Le parquet a besoin de ressources supplémentaires, selon Beatrice Pilloud. Elle a déposé une requête en ce sens. Elle demande un procureur supplémentaire et six postes administratifs en plus. Aujourd'hui, les procureurs disposent d'un secrétariat pour 60% de leur travail. Deux jours par semaine, ils sont contraints d'effectuer eux-mêmes des mises sous pli, des impressions et des correspondances. Beatrice Pilloud souhaite augmenter le taux de secrétariat à 80%. "Contrairement à un juge, un procureur a davantage besoin d'un secrétariat", justifie la patronne du parquet valaisan. "Les procureurs montent des dossiers, font de l'instruction", explique-t-elle.