Migration viticole d'hier et d'aujourd'hui au c?ur d'une exposition
Pour une goutte de vin, il faut bien descendre.
Pour une goutte de vin, il faut bien descendre. C’est la réalité de nombreux vignerons valaisans des siècles passés. C’est aussi le titre de la nouvelle exposition du Musée de Bagnes. Elle s’intéresse aux forains, ces vignerons nomades qui quittaient périodiquement la montagne pour cultiver leurs parchets en plaine. Une migration qui commence au 13ème siècle et qui concerne la plupart des vallées du canton, mais qui n’avait jamais été étudiée jusqu’ici. Après deux ans de recherches et des centaines de documents décortiqués, le voile est désormais levé sur un riche pan de l’histoire valaisanne. Historiens et commissaires d’exposition ont choisi de se pencher sur les cas emblématiques de l’Entremont et de Fully.
L’exposition met notamment en lumière une relation d’amour-haine entre les montagnards et les autochtones. Le forain est parfois traité de "colon arrogant" ou de "vigneron du dimanche". Mais parfois aussi, les communautés se mélangent, jusqu’à former des unions, d’où les nombreux patronymes fulliérains d’origine entremontante, comme Bruchez, Carron, Dorsaz ou Maret.
Un phénomène encore d'actualité
Mais la migration viticole n’appartient pas qu’au passé, elle existe aujourd’hui encore et pas seulement entre l’Entremont et Fully. Depuis la surproduction des années 1980, les vignes rapportent moins et la jeune génération ne s’y intéresse plus. Le recours à la main d’œuvre étrangère commence alors et apparait, dans son sillage, la figure du forain moderne. Des ouvriers agricoles venant du Portugal ou encore du Kosovo saisissent l’opportunité et créent des Sàrl. Rétribués à la quantité vendangée, ils travaillent et louent beaucoup de vignes, souvent peu mécanisables et difficiles d’accès, une configuration qui fait penser aux forains du passé.
Ces forains d’aujourd'hui ont aussi leur place dans l’exposition à voir jusqu’au 28 janvier prochain au Musée de Bagnes.