Meurtre d'un bébé retrouvé sous un pont à Fully : 27 ans de mystère
C'est un fait divers sordide qui a marqué toute une région. En mars 1998, le corps d'un bébé est retrouvé sous un pont à Fully. Le crime ne sera jamais élucidé. L'émotion est telle que les autorités décident d'adopter la petite fille. Elle aura droit à un enterrement, une sépulture... Et un prénom.
Vingt-sept ans après, sa voix est toujours empreinte d'émotion. Il n'a rien oublié Edouard Fellay. L'homme — qui fut président de la commune de Fully entre 2008 et 2020 — était à l'époque simple conseiller communal. Le 22 mars 1998, son téléphone sonne. "Avec stupeur, on apprend qu'un bébé est retrouvé dans un sac. Pour moi, c'est un choc particulièrement fort".
Un sac en plastique attire l'attention d'un promeneur
Ce jour-là, un sac en plastique attire l’attention d’un promeneur. Nous sommes sous le pont qui enjambe le Rhône, entre Fully et Charrat. Dans ce sac, le corps d'un nouveau-né. Il s'agit d'une petite fille de type européen. L'enfant serait né viable.
Sur place l’émotion est telle que les autorités décident de faire une chose inédite : adopter la petite fille. Un enterrement officiel lui est accordé, et une sépulture lui est consacrée au cimetière de Fully. "Une sorte de devoir de mémoire envers elle. La commune a pris l’initiative de faire en sorte que ce bébé retrouve sa dignité. La collectivité se devait de répondre à cette demande".
"Cette petite fille n'avait pas de nom, on ne savait pas d’où elle venait, ni qui elle était"
Des centaines de personnes assistent à la cérémonie. Un petit cercueil blanc, des dizaines de bougies tout autour, "Pour symboliser tous ces bébés qui n'ont jamais eu la chance de vivre", explique le curé de l'époque, Gérald Voide.
"La commune a pris contact officiellement avec moi. Ils me demandaient ce qu'on pourrait faire, une fois l'enquête terminée. J'ai trouvé cela très beau", explique l'homme d'Eglise.
Gérald Voide soutient la demande et s'explique : "Cette petite fille n'avait pas de nom, on ne savait pas d’où elle venait, ni qui elle était. Accorder une sépulture à ce petit enfant, c’était lui reconnaitre le droit d'être quelqu'un". Un prénom lui est donné : Espérance. Des agents de police en civil sont présents lors de l'enterrement. La mère aurait pu se trouver parmi l'assistance. Cela ne donnera rien.
Une tombe entretenue
Les mois et les années vont passer. Rien. L'enquête s'enlise et ne permettra jamais d'élucider ce mystère. La petite Espérance repose toujours aujourd'hui au cimetière de Fully. La tombe est entretenue par des mains anonymes.
À écouter ci-dessous notre reportage :
