Métiers "hors du commun" : je suis conseillère funéraire
Dans le cadre de notre série sur les métiers « hors du commun », nous avons rencontré Laetitia Herin-Michaud dans sa maison qui fait aussi office de bureau.
C’est lors d’une douce après-midi de printemps que nous avons pu nous entretenir avec Laetitia. Résidente de Versegères dans le Val de Bagnes, elle est mariée depuis 35 ans au père de ses deux enfants. Habitée d’une certaine douceur de vie, elle a décidé de se mettre au service des familles endeuillées par la perte d’un proche. Un métier qu’elle pratique avec passion depuis maintenant quatre ans. Loin de l’image macabre que l’on peut se faire du métier de croque-mort, Laetitia apporte soutien et réconfort auprès des proches dans la souffrance.
Une femme comme déclic
Assistante en pharmacie de formation, Laetitia est attirée depuis toujours par les métiers dont la mission est de venir en aide aux autres. Émerveillée par le dévouement des infirmières ou des ambulancières, elle s’imagine volontiers suivre l’une de ces voies. N’ayant pas de cursus lui permettant de se lancer dans l’aventure, elle range ses rêves au placard. Le déclic pour sauter le pas, elle l’a lors d’un ensevelissement ou elle voit une femme et non un homme s’occuper des obsèques. L’idée germe dans son esprit et la période pandémique lui donne le temps de la réflexion. Sûr de son choix malgré les quelques doutes liés à la singularité d’être une femme dans un monde d’homme, elle se lance dans l’aventure.
Un métier qui s’ouvre à la gent féminine
De plus en plus de femmes s’osent au métier de croque-mort, certaines devenant même propriétaires d’agence funéraire. Une aubaine selon Laetitia qui pense que les femmes peuvent apporter une certaine sensibilité à la profession. Cependant, elle ne se voit pas vraiment comme une « croque-mort ». Ne s’occupant pas du transport ou de l’habillement du défunt, elle aime à dire que son métier consiste plus à accompagner les familles lors du deuil.
Une profession aux multiples facettes
La mission de Laetitia est de venir à la rencontre des familles et d’organiser tout ce qui entoure la cérémonie. Être à l’écoute des souhaits émis par les proches est le cœur de son métier. Enterrement traditionnel, incinération, cérémonie laïque avec ou sans musique sont quelques-unes des questions que doit poser la conseillère funéraire. N’ayant jamais deux situations semblables, son travail varie en fonction des personnes qu’elle rencontre.
De plus, un aspect de son travail prend de l’ampleur, les cérémonies laïques. Avec un espace funéraire à Martigny dédié à cela, Laetitia officie de temps à autre comme maîtresse de cérémonie. Des adieux qui se déroulent généralement dans l’intimité des familles, les places à disposition étant limitées. « La plus belle cathédrale de Bagnes », c’est comme cela qu’elle aime appeler la nature, l’autre lieu où peut se dérouler les obsèques laïques. Cependant, si les familles choisissent cette option, cela demande un énorme travail de préparation.
Vivre avec des émotions intenses
Faire face à la mort n’est pas quelque chose de facile à appréhender même pour les personnes qui ont décidé d'en faire leur métier. Des émotions intenses et vives avec lesquelles Laetitia doit vivre tous les jours et qui par moment l’empêchent de dormir. Intervenant dans un moment particulier, elle met un point d’honneur à faire de ce moment une réussite. Pour faire face à tout ce qui se bouscule en elle, elle compte sur le soutien de son mari qu’elle considère comme un pilier dans l’aventure. Ses enfants, ses amis ainsi que ses collègues l’aident aussi à penser à autre chose.
Un rapport apaisé avec sa propre mort
« J’ai parlé de la mort toute ma vie, mais en fait, je n’en ai aucune idée ». Pour parler de son propre rapport à la mort, elle choisit de citer le sociologue et ethnologue Bernard Crettaz. Une phrase qui résonne en elle comme une évidence. Laetitia entretient un rapport serein avec la mort, ne la craignant pas, elle est convaincue que le moment venu, tout ne sera que beauté et amour. De plus, en vraie conseillère funéraire, elle a déjà tout organisé, des dispositions loin d’être la normalité dans les situations qu’elle rencontre.
Vous pouvez retrouver l’interview complet ci-dessous.
