Mesures canicule: trois quarts des contrôles dans les entreprises ont révélé des manquements
Trois quarts des contrôles dans les entreprises cet été ont révélé des manquements. La SUVA affirme que les risques liés à la chaleur sur les chantiers sont encore largement sous-estimés. Une question d’habitude plus que de mauvaise volonté.
Les risques liés à la canicule sont encore largement sous-estimés sur les chantiers, selon les professionnels de la prévention.
Après un été particulièrement chaud, la SUVA remarque une prise de conscience progressive, mais encore trop lente, dans les milieux exposés au soleil, à la chaleur, et aux rayonnements. Les ouvriers de la construction, mais aussi les paysagistes, les machinistes ou les personnes qui travaillent dans les carrières sont deux fois plus exposés aux rayons UV que les autres, affirment les experts.
Des risques sous-estimés
Et sachant que chaque année, 1000 cas de cancer de la peau sont enregistrés en Suisse, la prévention doit être intensifiée, selon Philippe Roehlly, spécialiste sécurité et santé au travail pour la SUVA Valais. «La chaleur, le soleil et les UV ont des conséquences néfastes pour les ouvriers, explique-t-il. Il y a également un danger en cas de reflet des rayons sur l'eau, sur les vitres ou le sable. » Il ajoute que des travailleurs ne devraient jamais exercer seul à cause des risques de malaise ou d'évanouissement.
En Suisse romande, 800 contrôles ont été effectués par la SUVA. 150 rien qu'en Valais entre juin et septembre. « Dans trois quarts des cas, ces visites ont généré des courriers à cause d'une mise en oeuvre lacunaire de mesures contre la chaleur, le soleil ou les UV, explique le spécialiste. Mais nous n'avons pas arrêté un seul chantier.» Il ajoute qu'aucune entreprise n’applique les gestes de prévention de manière optimale, mais un quart a pris de bonnes mesures. Le reste, on l'a dit, montre encore d’importants manquements.
Crème solaire et ouvriers
«Les entreprises sont réceptives. Certaines sont même venues vers nous de manière proactive, nuance Philippe Roehlly. C'est l'application sur le chantier qui est parfois compliquée: les mesures sont parfois gênantes, incomprises, jugées inutiles. La direction doit donc s'impliquer.» Certaines entreprises ont une meilleure culture de la sécurité, selon le spécialiste. Il s'agit souvent de celles qui ont des infrastructures un peu plus importantes et les moyens de mettre en œuvre les recommandations. L'expert le dit: «Il reste néanmoins difficile d'obliger un ouvrier à remettre son t-shirt ou à s'étaler de la crème solaire.»
Parmi les bonnes pratiques, la majorité a distribué des bouteilles d’eau à ses employés. Une partie a aménagé les horaires de travail. D’autres encore, ont trouvé des solutions plus originales : une entreprise a par exemple travaillé en tournant autour du bâtiment en construction, suivant l’ombre naturelle.
«Nous n'avons pas distribué d'amendes.»
Philippe Roehlly, spécialiste sécurité et santé au travail pour la SUVA Valais
Philippe Roehlly mise dans tous les cas sur le dialogue et non la répression. «Nous n'avons pas distribué d'amendes.» Les entreprises qui ne jouent pas le jeu s’exposent simplement à des contrôles plus fréquents, voire à une procédure d’exécution qui peut mener à des avertissements. Selon les résultats de prévention enregistrés en fin 2022, la SUVA pourrait néanmoins appliquer des sanctions plus strictes dès l’année prochaine.