Martigny : l’énigmatique boutique qui ne vend rien

À l'approche de la retraite, Jean-Manuel D'Andrès, l'instigateur de ce projet atypique, cherche une occupation pour remplir ses journées. Ayant hérité d'un vieux local appartenant à son grand-père, en plein cœur de Martigny, il y voit l'opportunité parfaite pour donner vie à son imagination débordante.

Il commence par rénover l’espace, lui offrant un aspect ultramoderne. Reste alors à lui trouver une vocation. D'abord, il envisage de prolonger une activité qu'il pratiquait lors de la Foire du Valais : vendre des outils australiens destinés à la sculpture sur bois. Mais après discussion avec sa femme, il réalise que cette entreprise ne lui permettrait pas de profiter pleinement de sa retraite. Horaires fixes, comptabilité, contraintes administratives… Trop de responsabilités !

Il décide donc de partir sur un tout autre concept : ouvrir un magasin qui ne vend rien.

Avant même l’ouverture, Jean-Manuel D’Andrès avait déjà fait réaliser trois mobiles cinétiques par l’artiste Pascal Bettex. Ces sculptures animées, conçues à partir de pièces récupérées dans l’ancienne serrurerie familiale qu’il avait vendue avec sa sœur fin 2020, marquent le début d’une collection unique.

Mais il en veut plus. Il écume internet et les réseaux sociaux pour dénicher des œuvres de toutes sortes. Sculptures, peintures, objets insolites… Il accumule un véritable cabinet de curiosités et, le 11 février 2023, il ouvre officiellement son magasin.

Pour donner encore plus d’âme à cet espace atypique, il lui fallait un nom marquant. Il choisit d’écrire en grandes lettres sur la devanture : "J’aurais pu vous vendre".

Mais ce n'est pas juste un nom. Derrière cette phrase, un véritable concept. Toujours en quête d’originalité, il rédige 32 phrases débutant par "J’aurais pu vous vendre", suivies de conclusions pleines d’esprit, comme : "... des ordinateurs quantiques, mais je n’aurais jamais su vous expliquer comment ils fonctionnent."

Cependant, au-delà de ces phrases amusantes, Jean-Manuel D'Andrès attend avec curiosité de voir comment le public va réagir à son initiative. Il espère que les visiteurs ne se contenteront pas de sourire en lisant ses formules, mais qu’ils entreront, discuteront, et s’approprieront l’expérience qu’il leur propose en illustrant l'une de ses phrases.

Si l’idée n’a pas encore connu un succès retentissant, une personnalité s’y est pourtant prêtée au jeu : Philippe Geluck et son célèbre Chat, qui a bien sûr préféré inventer sa propre phrase.

Une boutique qui ne vend rien, mais qui offre beaucoup à voir et à réfléchir. Voilà un concept qui ne manque pas de piquant !