Livre : deux historiennes de l'art valaisannes montrent "L'Ecole de Savièse, autrement"
Deux historiennes de l’art valaisannes revisitent l’histoire des peintres saviésans. Certains – et certaines – artistes ont été oubliés, et ils et elles méritent d’être remis en lumière. Explications.
L’Ecole de Savièse, ce regroupement d’artistes qui s’est formé dès la fin du XIXème siècle pour représenter le plateau saviésan, a été largement documenté par les spécialistes. Et deux historiennes de l’art – Isaline Pfefferlé et Maéva Besse – ont décidé de s’emparer, à leur tour, de la problématique, dans un livre qui vient de paraître.
«L’école de Savièse, autrement» ressort de l’anonymat de nombreuses personnalités. "En montant une exposition avec la municipalité de Savièse et la Ville d'Aigle, nous avons remarqué de nombreuses lacunes, au sein de biographies par exemple", détaille Isaline Pfefferlé, historienne de l’art et curatrice indépendante.
Un problème récurrent
On en savait donc peu sur des artistes mentionnés dans certains documents, car ils ont moins intéressé les chercheurs. Un point d'autant plus vrai en ce qui concerne les femmes, avance Isaline Pfefferlé. Celles-ci avaient peu accès aux institutions, "et donc un style moins académique, qui ne correspond pas forcément aux standards esthétiques", d'après elle.
A cela s'ajoute un autre paramètre : le temps à disposition. "Même en tant qu'artiste, elles menaient souvent une vie de famille en parallèle", ajoute la chercheuse. Conséquence : leur production était souvent moins abondante, avec le risque qu'elle soit moins remarquée. "En l'absence de quelqu'un pour collectionner leur oeuvre, elles tombaient facilement dans l'oubli après leur décès", regrette-t-elle. Et ce, même si elles étaient parfois reconnues de leur vivant.
Une approche culturelle
Or, les femmes qui pourraient être rattachées à l'Ecole de Savièse ne sont pas les seules à être passées sous les radars. La thèse de ces historiennes de l'art : plusieurs artistes rattachés à l’Ecole de Savièse ont été, selon leur terme, "invisibilisés". "Car leurs créations n'ont pas assez plu, de leur vivant ou après leur disparition." A cela peuvent s'ajouter plusieurs autres facteurs, comme un manque de notoriété.
C'est ainsi que Maéva Besse et Isaline Pfefferlé ont décidé de s'éloigner d'une approche esthétique, pour aller vers une approche culturelle. "Nous avons donc essayé de mettre de côté ce que l'on peut ou l'on a pu considérer comme 'beau', pour prendre en compte le contexte de ces oeuvres", poursuit Isaline Pfefferlé.
Elles ont ainsi choisi de considérer d'autres critères, comme le lien avec le Valais de ces artistes, les liens qui les unissent - entre eux et avec Ernest Biéler, le plus célèbre - et la période de production de leurs créations. "L'idée nous a permis de désigner au moins 26 artistes comme des 'personnalités rattachées à l'Ecole de Savièse', contre la quinzaine de peintres que l'on dénombre généralement", décrit l'autrice.
Enrichir les recherches précédentes
Pour trouver les données manquantes, les deux chercheuses se sont rendues dans des archives, se sont penchées sur des articles de presse et ont même rencontré des descendants.
Le résultat : un ouvrage de plus de 300 pages, avec une iconographie en partie inédite. Et elles le soulignent : elles n'auraient pas pu mener à bien leur projet sans les études qui avaient été menées précédemment et l'appui de leurs auteurs. "Nous sommes simplement dans une démarche d'augmentation des recherches qui ont été faites auparavant", glisse Isaline Pfefferlé.
Leur approche est soutenue par la municipalité de Savièse et Pascal Ruedin, l’ancien directeur des Musées cantonaux. Il a écrit la préface de "L'Ecole de Savièse, autrement", dans laquelle il décrit la réflexion que l'ouvrage contient comme "historiquement objective". Une forme de passage de témoin.