Listes d'attente à rallonge: le Valais manque de logopédistes
Dyslexie, bégayement et zozotement: les élèves valaisans doivent attendre jusqu'à 4 mois pour avoir leur premier bilan logopédique.

Dyslexie, bégayement et zozotement: les élèves valaisans doivent attendre jusqu'à 4 mois pour avoir leur premier bilan logopédique. A qui la faute? Au manque de personnel formé.
Il y a toujours entre 200 et 250 élèves valaisans sur liste d'attente pour les bilans logopédiques et il faut patienter jusqu'à 4 mois avant un premier rendez-vous. C'est du moins la situation dans le service public, c'est-à-dire dans les centres pour le développement et la thérapie de l'enfant et de l'adolescent, les fameux CDTEA. Le chef du service cantonal de la jeunesse, Christian Nanchen, se veut pourtant rassurant: cinq équivalents plein temps ont été engagés, on devrait voir la différence au fil de l'année scolaire.
Pourtant, l'une des difficultés reste le recrutement. Dans le Haut-Valais, on va jusqu'à chasser des têtes en Autriche ou en Allemagne. Alors, ne faudrait-il pas simplement former plus de personnes en Suisse? «Oui, ce serait une solution. Mais il n’y a que deux écoles qui forment les logopédistes en Suisse romande: Genève et Neuchâtel. Donc on ne peut pas les forcer à délivrer plus de diplômes que ce qu’elles ne font déjà.» Il ajoute que l’augmentation de demandes de la part de l’école et des parents vient également d’une plus grande vigilance en matière de troubles du langage.
L’augmentation des diagnostique fait augmenter le nombre d’enfants à prendre en charge. La question se pose donc: est-ce que l'école et les parents n'en font pas trop? Non, répond Valérie Giannada, logopédiste indépendante et membre du comité de l'association romande des logopédistes diplômées. «Une des grandes sources de souffrance, c’est ce sentiment d’être en difficultés, mais de ne pas en connaître la raison. L’enfant ne sait pas si c’est de sa faute, si c’est une maladie. Souvent, il se sent surtout très bête, alors que la grande majorité des jeunes que l’on prend en charge ont une intelligence très bonne, ou du moins dans la moyenne. Mettre un mot sur la difficulté, par exemple une dyslexie permet de savoir et donc de ne pas tenter l’impossible sur certains points, et surtout être aidé, là où il y en a besoin.»
Rappelons que la réforme de 2016 avait induit le non remboursement des traitements dans les cabinets privés. Et du côté des logopédistes indépendants, justement, on remarque une évolution depuis quelque temps. Valérie Giannada l’explique. S’il n’existe pas de statistiques, ni de chiffres qui pourraient être significatifs, le sentiment des différent.es professionnel.les est le suivant: il y aurait une augmentation des demandes des parents qui mentionnent des délais d’attente trop importants ou un service offert par le public ne répondant pas à leurs besoin. Sa solution? Proposer des partenariats public-privé et offrir un remboursement partiel lors de consultations en privé afin de désengorger l’école.
