Ligne THT Chamoson-Chippis : la variante "ligne enterrée" toujours possible selon les opposants
Enterrer la ligne THT (à très haute tension) entre Chamoson et Chippis n'est peut-être plus un projet tout à fait mort.
C'est en tout cas l'avis des opposants à la ligne aérienne choisie avec l’émergence de novueaux éléments. Me Jacques Philippoz (interview ci-dessous) en est aujourd'hui convaincu : il y a trop d'erreurs dans les dossiers. L’avocat leytronain connait d’ailleurs bien ce registre. Récemment encore, il a gagné au Tribunal administratif fédéral pour d'importants dédommagements sur le tronçon Epinassey-Massongex.
Des procédures incomplètes assorties, de calculs techniques erronés
En termes juridiques déjà, il manque, dit-il, des arrangements et des compensations pour les propriétaires. S'y ajoute le fait que toutes les procédures d'expropriation n'ont pas été menées jusqu'au au bout. Le résultat actuel : 15 recours sont pendants au Tribunal administratif fédéral, le premier déposé il y a bientôt 18 mois, le dernier en avril 2020.
Techniquement aussi : l'avocat assure sur la base des calculs d'un expert – le physicien Jacques Antille (interview ci-dessous) – que les effets des câbles ont été sous-estimés (câbles dont la section devrait doubler de diamètre par rapport au plan initial), que la hauteur des pylônes est différente de ce qui était prévu au départ et que les impacts au sol sont largement plus élevés qu'annoncés. En clair : les constructions effectives ne correspondraient plus à la version sur papier, validée par la Confédération, et dont les plans détaillés ne sont pas disponibles car le constructeur évoque «le secret d’affaires», explique l’avocat.
Du point de vue des communes, des procédures sont aussi en cours. Chippis et sa bourgeoisie s’opposent aux trois pylônes qui les concernent. A Grône, la question du pylône près de l’école est au coeur des discussions. «Nous ne sommes pas contre cette ligne mais personne n’accepte d’écrire noir sur blanc qu’elle n’aura aucune incidence sur la santé», déplore Karine Crettaz, municipale à la tête des écoles (interview ci-dessous). Le canton est même intervenu pour soutenir une analyse de déplacement qui pourrait amener le pylône 200 mètres plus au sud, en forêt. Pour l’heure, aucune modificaiton n’est en vue.
La variante "enfouie" refait surface
Cerise sur le gâteau pour les opposants : le rapport 2016, celui qui a justifié la décision fédérale de renoncer à une liaison enfouie était faux, la conclusion d'un an de travail fourni par Jacques Antille pour refaire tous les calculs, par ailleurs confirmés par une entreprise spécialisée. Le Bramoisien a donc élaboré une solution enfouie, sur la base des exigences de la Confédération et de Swissgrid et propose une variante "optimisée" par un tube circulaire sécurisé de 2m de diamètre dans une fouille de trois sur deux. Il l'assure : les pertes sont ainsi limitées et le surcoût – à mettre en parallèle avec l'économie sur l'énergie perdue – se limiteraient à un maximum de 50% de plus que la variante aérienne (environ 100 millions de francs selon Swissgrid). D’ici la fin de la semaine, ses travaux seront accessibles à tous à l’adresse www.tht-vs.ch.
Pour Jacques Philippoz, il s'agirait donc d'un élément prépondérant pour revenir àl'alternative : une variante ensevelie et non plus aérienne.
Swissgrid conteste et précise que les autorisations sont accordées en bonnes et dues formes depuis déjà sept ans et c'est son travail de mener à bien ce projet comme il figure sur le papier. Sa porte-parole, Marie-Claude Debons (interview ci-dessous) rappelle d'ailleurs que la Société nationale pour l’exploitation du réseau est chargée d'exécuter le projet validé par la Confédération et confirmé depuis 2013 par la justice.
Si dans un premier temps, les tribunaux devront à nouveau trancher, en tout cas sur les 15 cas en suspens, c'est l'Office fédéral de l'énergie mais aussi le politique qui pourrait encore modifier le projet concernant cette ligne THT.