Les communes doivent-elles renoncer à l’éclairage de Noël pour économiser de l’énergie?
Les communes valaisannes devraient-elles renoncer aux illuminations de Noël cette année? La question se fait petit à petit une place dans le débat public. Mais est-ce vraiment utile pour éviter la pénurie d’électricité ?
Face à la pénurie d'énergie annoncée pour cet hiver, la population s'inquiète. Une solution commence à faire sa place dans le débat public: et si l'on renonçait aux illuminations de Noël pour faire des économies?
La population n'est pas la seule à se poser la question. Plusieurs grandes villes ont initié la réflexion. Certaines enseignes commerciales – telle que Coop et Migros – ont déjà annoncé faire l’impasse cette année.
Dépendant d'une pesée d'intérêts
Pour l’instant, en Valais, aucune décision commune n’a été prise. Les réflexions sont à leurs prémisses. «Il s'agit vraiment d'un débat symbolique, commente Philippe Varone, président de la ville de Sion. Nous sommes partagés entre l'envie d'organiser de belles fêtes, préserver le tissu économique local dans cette période particulière de l'année et faire preuve de sobriété énergétique.» Une pesée d'intérêts devra donc être faite.
Autre exemple dans la région touristique d’Anniviers. Contacté, le président David Melly dit attendre qu'une réflexion plus globale soit faite au niveau des communes valaisannes. Dans l'intervalle, il confirme: «les éclairages resteront allumés cette année, mais moins longtemps que d’habitude. C'est-à-dire qu'ils seront éteints et démontés plus tôt en 2023 qu'à l'ordinaire.»
Commerces et particuliers plus gourmands que les communes
Reste à définir l'impact énergétique réel de ce genre de mesures. «Les décorations de Noël ne consomment pas beaucoup. Au niveau suisse, c'est environ 0,2% des besoins électriques et 2% sur le mois de décembre. Cela correspond à 100 millions de kilowattheures», résume Giuseppina Togni, membre du comité de l’Agence suisse pour l’efficacité énergétique. Sans compter l'augmentation des prix , la spécialiste estime le coût de ces illuminations à quelque 15 millions, mais cela pourrait passer à 20, voire 25 millions ces prochains temps.
Ces estimations correspondent plus ou moins à celles calculées il y a une dizaine d'années. «On a observé deux évolutions parallèles, explique la responsable de l’Agence suisse pour l’efficacité énergétique. D'un côté, les éclairages sont passés des ampoules à incandescence à du LED – beaucoup moins gourmand en énergie. Mais en même temps, les décorations de Noël ont augmenté en nombre et en intensité. À la fin, on se retrouve donc à une consommation plus ou moins équivalente.»
Symbolique d'un gaspillage d'énergie
Giuseppina Togni précise que les communes ne sont pas les plus grandes consommatrices en la matière. Les commerces et les particuliers consomment chacun 40% de cette énergie et les pouvoirs publics 20%. «Imaginer renoncer aux éclairages de Noël reste emblématique. Car maintenir des décorations électriques donne l'image d'une forme de gaspillage.» Elle cite l'exemple des commerces: selon elle, cet hiver, si les magasins – tels que les deux géants orange – avaient maintenu leurs illuminations, psychologiquement, cela aurait donné l'impression que la débauche d'énergie se faisait également à d'autres niveaux.