Les chercheurs de l'Idiap à Martigny ont une longueur d'avance sur les "pirates biométriques"
Reconnaissance faciale, vocale ou par empreinte digitale.

Reconnaissance faciale, vocale ou par empreinte digitale. Ces méthodes n’ont plus rien de futuristes et font aujourd’hui partie de nos vies, tout comme leurs dérives. C’est justement contre les failles de ces systèmes biométriques, contre les usurpations et les fausses identités, que travaille une grande partie du groupe de recherche en biométrie de l’Idiap à Martigny.
Imaginez un masque en silicone souple comme la peau, qui reproduit parfaitement rides, grain de beauté ou poils de barbe. C’est une des supercheries utilisées par les escrocs pour tromper des logiciels informatiques et des systèmes de vidéosurveillance ; un moyen ultra perfectionné pour cacher son identité ou se faire passer pour quelqu’un d’autre. Dans le jargon scientifique, on appelle cela des "attaques biométriques" ou "attaques de présentation". Grâce à l’Idiap, elles peuvent désormais être déjouées. Les scientifiques ont développé une méthode composée d’algorithmes complexes et de différents types de caméras: thermique, infrarouge, ultraviolet… Ils viennent de publier leur étude.
Reste que ces masques en silicone sont très onéreux, 3'000 francs pièce environ pour un modèle personnalisé. Leur utilisation par les fraudeurs est donc pour l’heure confidentielle. Mais ce caractère anecdotique n’enlève rien à l’importance de la recherche, selon le docteur Sébastien Marcel qui dirige le groupe de biométrie à l’Idiap. Car "il faut se tenir prêt", anticiper et garder une longueur d’avance sur les pirates.
L’Idiap dispose d’un million de francs environ pour mener à bien ce projet financé par une agence étasunienne de recherche, l’IRPA. Voilà pour le mandataire. Mais qui sont les utilisateurs de cette technologie ? Services secrets, aéroports, multinationales ? "Les attaques de présentation, c’est un domaine très chaud dans le milieu industriel. Beaucoup d’entreprises nous approchent sous le couvert de la confidentialité", explique Sébastien Marcel. Le docteur ne nous dévoilera ni le nom ni même le type de sociétés qui s’intéressent à sa technologie.
