Les artisans boulangers souffrent face à une importation de pains étrangers de plus en plus massive
Les artisans boulangers suisses font face à une importation de pains étrangers de plus en plus massive.

Les artisans boulangers suisses font face à une importation de pains étrangers de plus en plus massive. En Valais aussi, le métier s'essouffle : on promet la disparition de 40% des professionnels d'ici 2025.
La branche des boulangers s'essouffle, en Suisse, comme en Valais. L'association valaisanne des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs compte 85 membres actifs. Ils ne seront plus qu’une cinquantaine d'ici 2025, selon les prédictions de son président Albert Michellod.
L’écart entre le prix du pain suisse et du pain étranger se creuse
La faute aux importations de pain de plus en plus massives. En dix ans, on observe une augmentation de produits de boulangerie et de confiserie importée de plus de 65%. Des produits choisis pour leurs tarifs plus attractifs. Entre un croissant fabriqué en Suisse et un croissant venu d'hors des frontières, Albert Michellod estime l'écart de prix à 50, voire 60%. Un écart qui ne finit pas de se creuser, d'un côté comme de l'autre, puisque la matière première pour les boulangers suisse suit une courbe ascendante. «La décision de payer les producteurs de lait 3 centimes supplémentaires a un impact considérable sur nos affaires, avoue Albert Michellod. Le prix du beurre a augmenté de 40 centimes par kilo.»
Alors qui achète ces produits importés? La logique voudrait pointer du doigt les grands centres commerciaux, mais ces derniers ne sont pas les seuls concernés. «En quelques années, les shops à essence ont poussé comme des champignons dans le canton, observe Albert Michellod. Beaucoup d’entre eux vendent des produits importés pour garder une meilleure marge, mais parallèlement, les petits magasins de village disparaissent.»
Se renouveller pour garder sa clientèle
Ainsi la branche s’essoufle. Plusieurs boulangers valaisans sont aux portes de la retraite, sans relève. Mais Albert Michellod se veut tout de même optimiste. Pour lui, la profession a un avenir, pour autant que les artisans se renouvellent sans cesse. «Nos produits peuvent être taxés de produits de luxe, mais nous sommes dans une région où les gens aiment se faire plaisir avec les mets de la table, constate le président de l’association valaisanne. C’est fini de garder une vitrine inchangée pendant 10 ans. Il faut faire des efforts pour sortir du lot et garder sa clientèle.»
Pour sa part Albert Michellod, qui tient son commerce à Leytron, envisage d’exploiter le fourneau à bois de la région une fois par semaine, pour produire du pain d’antan.
A noter que l'association valaisanne célébrera son 80ème anniversaire l'an prochain. Un événement dont Albert Michellod compte tirer profit, pour attirer l'attention des politiques sur la situation des artisans. «Il y aura une belle fête, mais le but est aussi de faire d’une pierre deux coups.»