Le village de Salquenen est-il en train de se francophoniser ?
Le village de Salquenen pourrait-il devenir le nouveau centre du bilinguisme en Valais ? Une question légitime, car depuis quelques années, le nombre de Welschs s'installant dans la commune de l'autre côté de la Raspille s'accroît légèrement. Signal d'une frontière linguistique qui bouge ?
Salgesch en allemand, Salquenen en français. Et si le village situé juste outre-Raspille était le nouvel épicentre du bilinguisme en Valais. Une question qui peut sembler légitime, au vu du nombre légèrement croissant de locuteurs francophones s'installant dans la commune depuis quelques années maintenant. Dans la rue, il n'est d'ailleurs pas rare de se faire saluer, tantôt en français, tantôt en allemand par les habitants du village.
Selon les statistiques communales pour l'année 2024, le nombre de locuteurs francophones résidents de Salquenen s'élève aujourd'hui à 268 sur les quelque 1766 habitants du village. Soit un peu plus de 15% de la population totale de la commune. Un pourcentage qui a pris de l'ampleur surtout depuis le milieu des années 2010, avant de freiner quelque peu depuis 2020.
Des familles avec enfants surtout
Fait marquant, cette augmentation du nombre de Welschs à Salquenen est bien plus forte pour une tranche de la population en particulier : les familles avec enfants dont la langue maternelle est le français. 48 résidents francophones du village ont au moins un enfant de moins de 16 ans, selon les données de la commune.
Objectif de ces familles qui s'installent à Salquenen : apprendre l'allemand. "C'est une vraie valeur ajoutée pour elles, pour le village et pour la région", affirme Gilles Florey, président de la commune :
"C'est un défi, par exemple lors des récréations parce qu'on se rend compte que parfois, ça parle plus français qu'allemand. Et puis, c'est aussi un challenge pédagogique : comment il faut enseigner, comment adapter les cours. Parce qu'il y a des enfants qui ne comprennent pas du tout l'allemand au début", souligne le président de commune.
Ni l'un ni l'autre ou un peu des deux ?
Face à ce constat et à l'installation constante de familles et de locuteurs francophones dans la commune, faut-il donc désormais considérer la frontière linguistique entre le Haut et le Bas-Valais comme étant de l'histoire ancienne ? La Raspille devrait-elle être 'déplacée', afin de titiller nos voisins ?
Plus simplement, le village de Salquenen est-il en train de devenir le nouveau chef-lieu du bilinguisme français-allemand en Valais ? "Peut-être un jour", rigole Manuel Cina, membre de l'"Association Village Viticole de Salquenen" :
"Salquenen a toujours eu cette idéologie bilingue", précise ce dernier. Et d'ajouter : "c'est drôle parce que si on va dans le Haut-Valais, on est des bas-valaisans. Et si on descend le long du Rhône, on est des Haut-valaisans. On n'est ni l'un ni l'autre, mais aussi un peu des deux".
Conserver ses racines
De fait, si en termes de tourisme, la campagne pour attirer les visiteurs se fait dans les deux langues, au niveau administratif en revanche, pas de bilinguisme. Tout est en allemand. A commencer par le site de l'administration communale. Une manière de préserver les racines germanophones de la commune, même si tout le monde est bilingue, affirme Gilles Florey :
Quant à la question de la Raspille, Gilles Florey l'affirme, le sourire aux lèvres : il serait d'accord de déplacer la rivière, pour autant que les droits d'eaux le soient également. "Mais on aimerait déplacer la Raspille du côté romand", conclut-t-il en souriant.