Le Valais n'est pas épargné par la "romance scam", arnaque sur internet "particulièrement sordide"
L'approche peut être longue.

L'approche peut être longue. C'est ce qui en fait un véritable piège.
Le phénomène est appelé "romance scam" - escroquerie romantique - et il n'épargne pas le Valais. Le mode opératoire est rôdé : sur des réseaux sociaux ou des sites de rencontre, les prédateurs repèrent des personnes en mal d'amour. Durant des semaines, ils tissent un lien jusqu'à décrocher la confiance de leur correspondant, homme ou femme. La suite : les victimes craquent. Elles finissent par verser de l'argent, tantôt par amour, tantôt par chantage, sur une plate-forme de transfert d'argent (souvent Western Union ou Moneygram) qui rendent impossible le suivi des flux financiers pour remonter jusqu'au destinataire.
Ces deux dernières années, une dizaine de ces infractions ont été constatées dans le canton. C'est peu et beaucoup à la fois quand on sait que le préjudice moyen dépasse les 60 mille francs. Mais le pire, c'est que le nombre ne révèle rien de la réalité. "C'est clairement la pointe de l'iceberg", reconnait Cynthia Zermatten, de l'Unité Communication et Prévention de la police valaisanne (interview ci-dessous).
Difficile de sortir du silence lorsque l'on est victime
"Manipulée, la victime peine très souvent à en parler même lorsqu'elle prend conscience de l'arnaque... et c'est d'ailleurs tout aussi difficile de stopper l'engrenage, une fois que la victime se retrouve prise au piège car les scénarios sont sournois…".
Ils le sont d'autant plus quand la victime a laissé entrevoir des données personnelles, des photos ou des vidéos qui, publiques, peuvent être incommodantes : pression et chantage peuvent en effet se rajouter aux nombreuses déconvenues qui auront précédé.
La police valaisanne lance un appel à la prudence sur toutes les demandes émanant de personnes que l'on ne connait que de manière virtuelle. "N'envoyez aucune photo ou vidéo sexy ou non. L'escroc pourrait les diffuser, vous faire chanter ou les utiliser dans d'autres arnaques en photo de profil", prévient Cynthia Zermatten qui encourage les victimes de ces arnaques à prendre contact avec la police cantonale. "Cela permettra de contribuer à la prévention qui est à la clé pour contrer ces abus sordides", conclut-elle.
Publiée fin 2018, une étude de Pro Senectute montre que, par internet et toutes arnaques confondues, une personne sur cinq chez les plus de 55 ans, a subi une escroquerie avec préjudice financier. 61% des victimes n'en parlent à personne.