Le soutien aux survivants de violences sexuelles doit s’intensifier. L’appel renouvelé de LagopAid
Libérer la parole. C’est le rôle assumé depuis un an par l’association Lagopaid auprès des victimes d’inceste, plus largement, les survivants aux violences sexuelles. Un an pour mesurer l’ampleur de la tâche, chiffres à l’appui.
L’inceste au cœur des violences sexuelles, reste un tabou qu’il faut briser. Pour y contribuer, l’association Lagopaid accueille, depuis un an, des survivants de violences sexuelles.
Ses premières statistiques sont déjà révélatrices sur ces drames qui surviennent le plus souvent dès l'enfance. D’abord par une confirmation chiffrée : les femmes sont très majoritairement aux premières lignes. Elles représentent 86% des participants dans les groupes de paroles.
Et si le premier pas est déjà difficile à franchir avec une première rencontre, les suivants, le sont tout autant : plus de la moitié des personnes concernées (57%) n’ont participé qu’une seule fois à ce type d’échange et les freins sont encore plus importants chez les hommes victimes de violences sexuelles.
LagopAid constate aussi que sur l’ensemble des participants, 86% ont été victimes d’inceste, et 62% sont âgés entre 40-60 ans.
Les appels à l’aide par l’entourage des victimes
Dans le groupe de soutien pour l'entourage, les deux tiers des participants ont plus de 60 ans avec une proportion de 73% de femmes.
Là encore, les chiffres interrogent,notamment sur la capacité des parents plus jeunes à chercher de l'aide pour eux-mêmes. LagopAid émet plusieurs hypothèses sur les freins que peuvent constituer des sentiments comme la honte, les inquiétudes de ne pas avoir protégé leurs enfants ou, à l’inverse, les soutiens déjà trouvés auprès d’autres structures.
L’association relève toutefois qu’une levée d’amnésie tardive peut aussi amener l’entourage à chercher du soutien tout aussi tardivement, même si les questions subsistent autour des formes de déni par les proches, face aux actes subis par la victime.
Un appel aux politiques pour sensibiliser et mieux comprendre ces problématiques
Ces chiffres ne sont qu'un point de départ pour une réflexion plus large et laissent encore beaucoup d’inconnues sur le nombre réel de victimes d’inceste et plus largement de violence sexuelle. Il n’existe pas non plus de chiffres sur la proportion entre celles qui osent prendre la parole et celles qui choisissent le silence. Aucune étude ne peut établir si des régions sont plus touchées que d’autres. Aucun inventaire ne dresse les moyens permettant de renforcer le soutien pour faciliter la prise de parole et ainsi éviter des années de souffrance en silence.
L’association lance un appel aux politiques pour mener à bien une étude approfondie sur cette problématique. Elle salue notamment postulat déposé par le conseiller national Christophe Clivaz, qui demande au Conseil fédéral d’établir un rapport sur la situation de l’inceste en Suisse. Dans le bilan de son année d’activité, le message de LagopAid est limpide : « Aidez-nous à sensibiliser le grand public sur cette problématique primordiale, à briser le tabou et à garantir la protection de tous les enfants vivant en Suisse ».
A l’heure actuelle, tous les intervenants de LagopAid sont bénévoles. En 2024, l’association n’a pu compter que sur un budget de 2'500 francs.