Le loup était au menu du Grand Conseil valaisan
Le loup a agité les débats vendredi au Grand Conseil valaisan. Ces interventions ont permis de dévoiler une partie de la stratégie cantonale qui veut mettre à mort 34 loups sur la centaine d'individus présents en Valais.
"Le canton demande l'autorisation de procéder à un prélèvement complet de sept meutes de loups sur les treize meutes cantonales et transfrontalières que compte actuellement le Valais", a indiqué le conseiller d'Etat en charge de la sécurité, des institutions et du sport Frédéric Favre en réponse à deux postulats urgents qui souhaitaient une application immédiate de la nouvelle ordonnance fédérale. Cela équivaut à tuer environ 34 loups, sur une population estimée entre 90 et 120 individus.
Cette demande de régulation proactive a été déposée le 15 novembre auprès de l'Office fédéral de l'environnement. Elle s'inscrit dans le cadre de la loi fédérale révisée sur la chasse, qui entre en force le 1er décembre et assouplit les critères pour "réguler le loup".
Des tirs préventifs - en plus des tirs déjà pratiqués en réaction à des attaques de troupeaux - seront désormais possibles entre le 1er septembre et le 31 janvier si la meute "présente un danger". Exceptionnellement, des mises à mort pourront être autorisées à certaines conditions en été pour préserver le bétail.
"Elargissement du périmètre"
Face aux explications du conseiller d'Etat, les porteurs des deux postulats ont tout de même maintenu leurs textes respectifs. Le Grand Conseil a accepté celui de l'UDC du Haut-Valais par 64 voix contre 57, un texte qui demande notamment "d'éliminer autant de loups que le permet la nouvelle ordonnance" et "de mettre sur pied un groupe de collaborateurs chargés de la régulation du loup".
Il a aussi accepté celui du Centre du Haut-Valais par 65 voix contre 58. Ce postulat s'intéresse notamment à l'organisation prévue avec les autres cantons. Les deux textes ont été transmis au Conseil d'Etat.
Celui-ci devra également "étudier un élargissement du périmètre de tir du loup envisagé par le Service de la chasse", au centre d'un troisième postulat. "Quand on peut, on le fait", a souligné Frédéric Favre, mais pour obtenir des autorisations de régulation "il faut faire les choses comme il faut". Ce sont les experts du service qui décideront de ce périmètre, selon les informations qu'ils auront récoltées et l'OFEV qui aura le dernier mot, pas le parlement cantonal, a-t-il insisté.
Chasseurs et caméras thermiques
Dans le détail, l'objectif du canton du Valais est de "réduire avec efficience les conflits dans les zones problématiques où les loups présentent ou ont présenté des problèmes de comportement vis-à-vis de l'homme et des dommages aux animaux de rente", a détaillé Frédéric Favre dans ses diverses prises de parole. Il s'agit aussi de réduire la pression sur les éleveurs les plus touchés pour la prochaine saison d'estivage.
La "régulation proactive" ne débutera pas avant la réception de l'autorisation de le faire, a insisté Frédéric Favre, qui espère recevoir le sésame pour le 1er décembre. Pour parvenir à tuer 34 loups, le canton fera appel aux chasseurs qui devront suivre une formation spécifique. "Personne ne partira seul en forêt comme dans la guerre des boutons. Cette régulation se fait selon des règles et une éthique de travail".
Deux approches sont prévues. Les chasseurs formés qui voient passer un loup, lors d'une chasse au renard (permis E) ou au sanglier (permis S), ont le droit de l'abattre s'ils se trouvent dans la zone autorisée par l'OFEV. En parallèle, un concept cantonal qui sera détaillé prochainement intégrera certains chasseurs spécialisés sous la responsabilité du service de la chasse. Les appareils d'observation nocturnes, comme les caméras thermiques, normalement interdits à la chasse ordinaire, seront autorisés exceptionnellement par le service.
Facture pour Berne
Cette régulation va prendre du temps. "Il ne faut pas croire qu'on va tout régler en deux mois, ça va prendre plusieurs mois peut-être plusieurs années", a prévenu le conseiller d'Etat.
Elle aura aussi un coût, ont relevé les députés dont la majorité souhaite que Berne règle en partie la facture. Ils l'ont fait savoir via une résolution urgente, portée par des représentants centristes et adoptée par 73 voix contre 47. Les Vert-e-s, contre l'envoi aux Chambres fédérales de ce document, ont rappelé que cette régulation se trouve dans une ordonnance fédérale que le Valais a appelée de ses voeux.
La majorité a néanmoins estimé que la Confédération doit notamment fournir "une aide financière immédiate" pour la mise en oeuvre partielle de la loi sur la chasse révisée (en vigueur jusqu’au 31 janvier 2025).