Le gin devient l'apéro à la mode. Les distillateurs veulent lui donner ses lettres de noblesse

Longtemps boudé, considéré comme vieillot et industriel, le gin fait de plus en plus le buzz à l’apéro des Suisses. Un phénomène qui débarque d’Espagne, où les marques de gin sont plus nombreuses que les marques de vodka, et qui se fait sentir depuis deux ou trois ans. Le nombre de bouteilles importées a enflé de 50% en trois ans, et certains établissements ont vu la consommation de leur clientèle quadrupler dans le même temps.

Florence Thiéblot, distillatrice dans le val de Bagnes, l’avoue. Elle a d’abord du casser quelques idées reçues à ses clients pour leur faire goûter sa production. Mais le côté artisanal de son spiritueux a su séduire.

Exemple au Monk’is bar à Crans Montana. Le gérant Philippe Nicolle a étoffé sa carte et propose une dizaine de sortes de gin. Son constat : le boom dans la consommation du spiritueux s’accompagne d’une baisse d’engouement pour la vodka.

Phénomène intéressant, voire surprenant: Philippe Nicolle a étoffé sa carte au fur et à mesure de la demande. Il y propose aujourd'hui une dizaine de gin différents. Certains standards, et d'autres plus chers et hauts de gamme, que même la jeune clientèle demande. "Avec un public adulte et averti, on pourrait s'y attendre, analyse Philippe Nicolle, mais même les plus jeunes sont désormais prêts à payer, parfois beaucoup plus, pour consommer du premium".

Chez Morand, on ne distille plus de gin depuis 2004, alors que la production n’était plus rentable. Julien Morand:

Depuis, Julien Morand garde un œil sur les chiffres d’importation, qu’il voit enfler petit à petit. En 2017, 1,4 millions de bouteilles étaient importées en Suisse, contre moins d’1 million encore en 2014. Pour lui, la mode n’est pas prête de s’arrêter. Mais comme pour les brasseries artisanales, une sélection naturelle finira par se faire, qui ne laissera que les distilleries de qualité sur le marché.