Le foie gras sur nos tables, bientôt du passé ?
L'initiative contre l'importation de foie gras a abouti ce jeudi 28 décembre. Le texte a pu être déposé à Berne. De quoi mettre fin à une pratique jugée cruelle envers les animaux, selon l'Alliance Animale Suisse. Une pratique qui ne concerne pas toute la Suisse de la même manière.

L'initiative intitulée "Oui à l'interdiction du foie gras" a abouti ce jeudi 28 décembre. L'Alliance Animale Suisse a récolté 106'448 paraphes, soit plus que les 100'000 signatures nécessaires à sa validation. Elle a pu la déposer à la Chancellerie fédérale.
Concrètement, le texte veut interdire l'importation en Suisse de foie gras issu du gavage forcé des animaux. Une pratique jugée cruelle envers les bêtes, selon le groupe des initiants. Car si la production de cet aliment est interdite en Suisse depuis 40 ans, en faire venir de France voisine est en revanche à ce jour encore autorisé. 200 tonnes de foie gras sont même importés chaque année, selon Alliance Animale Suisse. "Ça fait partie des quelques petites hypocrisies que nous avons dans notre loi sur la protection des animaux", explique Luc Fournier, représentant de l'Alliance pour la partie romande du pays.
Pas le bon combat
Et avec les fêtes de Noël qui ont eu lieu il y a quelques jours et Nouvel an d'ici peu, de nombreux Suisses, et plus particulièrement les Romands, vont à nouveau garnir leurs tables de cet met de choix. Une habitude qui nous vient directement de la culture culinaire française.
Il reste que se focaliser sur le combat contre la production de foie gras en France n'est pas le bon cheval de bataille, selon Loris Lathion, propriétaire et chef du restaurant Le Mont-Rouge à Nendaz. Surtout s'il faut parler de cruauté envers les animaux, précise-t-il : "Il y a beaucoup plus de souffrance animale en ce qui concerne l'élevage intensif que pour la production de foie gras réalisée éthiquement en France". Et le chef d'ajouter que les poulets en batterie, les bœufs et les porcs sont élevés dans des conditions bien plus affreuses.
Différence culturelle
Selon Loris Lathion, l'habitude de manger du foie gras lors de célébrations en tout genre ne concerne d'ailleurs qu'une toute petite partie de la Suisse. "Il y a une grande différence culturelle entre nous, les latins, qui sommes attachés à nos traditions culinaires, et les pays du nord. Et puis, on n'a pas la même vision du monde que les Suisse-allemands". Cette tradition de cuisiner le foie gras a, de fait, elle aussi une origine : la France voisine.
Du reste, le travail de récolte des signatures n'a pas été le même partout en Suisse. "On a récolté un maximum de signatures en Suisse romande dans le but d'instaurer un dialogue parce qu'évidemment, il y a eu plus d'oppositions dans cette partie du pays", précise Luc Fournier.
Dans la loi en 2025, pas avant
Pour la suite, l'initiative contre le foie gras sera dans un premier temps traitée par le Conseil fédéral. Celui-ci proposera alors au Parlement de rejeter le texte, d'adopter un contre-projet ou de l'accepter tel qu'il est. Le tout, vraisemblablement dans les deux prochaines années, selon Luc Fournier.
Au même titre que l'autre initiative dite "Oui à l’interdiction d’importer de la fourrure provenant d’animaux maltraités", elle aussi lancée par l'Alliance Animale Suisse. Ce texte a également atteint les 100'000 signatures (116'140) nécessaires à son dépôt à la Chancellerie fédérale dans le temps imparti.
Le peuple se prononcera sur ces deux initiatives dans la foulée.