La vaccination inquiète les femmes en âge de procréer
La vaccination contre le Covid-19 inquiète une frange de la population : celle des femmes en âge de procréer. Elles craignent une baisse de leur fertilité. Un argument que rétorque le médecin-chef du Service des maladies infectieuses de l’Hôpital du Valais, Stéphane Emonet.

Les effets secondaires de la vaccination contre le Covid-19 inquiètent une partie de la population. Parmi les personnes craintives : les jeunes femmes en âge de procréer. Sur les réseaux sociaux, nombreuses sont celles qui craignent une baisse de leur fertilité causée par le vaccin. Interrogé, Stéphane Emonet – médecin-chef du Service des maladies infectieuses à l’Hôpital du Valais – réfute ces arguments. « Sur les centaines de milliers de vaccinations dans cette frange de la population, on n’a pas pu montrer d’impacts négatifs sur la fertilité. » Malgré cette confiance, Stéphane Emonet reste tout de même prudent.
« Il faut toujours être humble en médecine. Le 100% de certitude n’existe pas. »
Stéphane Emonet, médecin-chef du Service des maladies infectieuses à l’Hôpital du Valais
Les menstruations impactées
Stéphane Emonet reconnaît toutefois un changement après la vaccination : celui des menstruations. Elles peuvent être légèrement impactées par les vaccins. « Les règles peuvent être plus abondantes et intervenir plus tôt que d’habitude. » Et le médecin-chef du Service des maladies infectieuses à l’Hôpital du Valais de rassurer que ces dérèglements menstruels se produisent seulement durant un ou deux cycles.
Les réseaux sociaux : un amplificateur
La couverture vaccinale atteint actuellement 80% pour les personnes âgées de plus de 70 ans, selon les chiffres de l’Office fédéral de la santé publique. Les jeunes âgés entre 20 et 40 ans – vaccinés plus tardivement – sont actuellement près de 45% à avoir reçu au moins une dose. Toutefois, aucune différence n’est constatée entre les deux sexes concernant la couverture vaccinale. « Nous n’avons pas analysé spécifiquement les chiffres de vaccination dans cette frange de la population », reconnaît Stéphane Emonet.
L’importance des médecins-traitants
Stéphane Emonet appelle la population à ne pas céder aux fakes news postées sur les réseaux sociaux. Le médecin-chef du Service des maladies infectieuses à l’Hôpital du Valais conseille aux jeunes femmes inquiètes par la vaccination de consulter leur médecin-traitant ou leur gynécologue. « Les professionnels de la santé ont un rôle capital à jouer pour dissiper les doutes », précise Stéphane Emonet. Et Béatrice Plaschy Moradi, cheffe du Service d’obstétrique à l’Hôpital du Valais, d’abonder dans ce sens.
« Les personnes deviennent de plus en plus critiques envers les autorités »
Béatrice Plaschy Moradi, cheffe du Service d’obstétrique à l’Hôpital du Valais
Elle est convaincue que les médecins sont les plus à même de convaincre leur patientèle. « Les gynécologues connaissent leurs patientes depuis des années. On leur a prescrit peut-être la pilule et on les suit aussi dans leur désir de grossesse », conclut Béatrice Plaschy Moradi.
Un tiers des femmes enceintes acceptent de se faire vacciner, selon une étude réalisée par le CHUV et publiée par le journal scientifique « Viruses ». Ce chiffre est particulièrement bas en comparaison internationale. Aux Etats-Unis, plus de 200'000 femmes enceintes ont déjà reçu les deux doses et plus de 50% d’entre elles désirent se faire vacciner. En Suisse, les femmes en situation de précarité et ayant un niveau d’éducation moindre, sont plus réticentes à se faire vacciner. « Trop souvent la vaccination demeure un tabou pendant la grossesse. Une bonne protection immunitaire est pourtant essentielle pour la protection de la mère et de l’enfant », affirme le docteur Léo Pomar, un des auteurs de l’étude.