«La situation sur le marché du pellet n'a jamais été aussi tendue»
Pour l'instant, l'approvisionnement en pellets est assuré. Mais en cas d’hiver rude, le Valais pourrait se retrouver face à une rupture de stock de granulés. L’augmentation de la demande et la rareté de la matière première mettent sous pression les fournisseurs.
«C’est du jamais vu. La situation sur le marché du pellet n’a jamais été aussi tendue qu’aujourd’hui. » Bertrand Yerly, directeur de Valpellets – entreprise valaisanne spécialisée dans la production et la commercialisation de granulés – turbine pour trouver des solutions à l'afflux de demandes. «Nous avons dû engager du personnel de production et administratif. Le téléphone sonne sans arrêt et nous devons refuser des clients.»
Pour le moment, la société ne prend plus aucune commande pour les sacs jusqu’à fin octobre. Les particuliers qui n’ont pas encore rempli leurs stocks risquent de rester sur le carreau, jusqu’à ce que la situation soit réévaluée à mi-automne, mais sans garanties.
La vente en vrac, majoritairement utilisée pour les chauffages à distances et les chauffages centraux est, quant à elle, maintenue. Mais c’est très tendu. Les équipes travaillent 7j./7j., 24h/24h. «Nous avons dû stopper les ventes au sac pour assurer notre stockage de vrac. Nous devons pouvoir livrer les grosses collectivités et les infrastructures importantes qui se chauffent uniquement au pellet – chauffage à distance, chauffage central d'immeuble, etc. Cela passe avant le chauffage d'appoint domestique, c'est-à-dire avant les gens qui ont une autre source d'énergie pour se chauffer à la maison. »
Tendances et peurs
Le nombre de chauffages à pellets a augmenté de 40% entre 2020 et 2021, et de même proportion entre 2021 et 2022. A cela s'ajoute la crise ukrainienne qui a engendré une baisse des importations de bois de l'Est vers l'Ouest, crispant le marché global. La situation géopolitique a par ailleurs poussé la population à trouver des alternatives aux énergies fossiles.
2021 avait déjà été un exercice fructueux. Mais cette année, une augmentation de 2’000 tonnes des ventes a déjà été enregistrée au 31 août. En ce qui concerne les sacs de pellets, l’entreprise valaisanne a chiffré une hausse de 360%.
Bertrand Yerly remarque que les propriétaires de chaudière à pellets se sont rués dès la fin du printemps sur le combustible, alors qu'à l'ordinaire, les commandes démarrent gentiment l'été. «Il y a effectivement eu un facteur peur, remarque le directeur de Valpellets. Cela a peut-être également poussé les gens à acheter davantage de stock que nécessaire. On verra si cela se répercutera l'année prochaine avec des ventes un peu plus faibles.»
En attendant, une question reste: risque-t-on la rupture totale de stock cet hiver? «Oui, il faut être honnête. Peut-être davantage sur les sacs que sur le vrac, mais oui. C'est pour ça que nous avons dû fixer des priorités.»
«Oui, pour être honnête, il y a un risque de rupture de stock cet hiver. »
Bertrand Yerly, directeur de Valpellets
Et qui dit forte demande, dit aussi augmentation des prix. Pour le vrac, on observe une hausse d’environ 75%, selon le directeur de Valpellets. Pour les sacs, les consommateurs devront même doubler leur budget. Ce n'est pas pour autant que les sociétés de pellets tablent sur un bénéfice record à la fin de l'année, selon Bertrand Yerly. « L'évolution des prix du pellet est intimement liée aux prix de la matière de première qui représente environ deux tiers des coûts.»