La coopérative d’habitation continue de gagner du terrain en Suisse. Mais toujours pas en Valais.
A Monthey, Bramois ou Saillon… plusieurs projets de coopératives d’habitation ont vu le jour ces dernières années dans le Valais romand. Mais aucun bâtiment n’est encore sorti de terre. Et le modèle peine à se faire une place dans le canton.

La coopérative d’habitation n’est pas un modèle récent en Suisse. Les premiers logements construits selon ce modèle datent en effet de la fin du 19e siècle. A Genève ou Lausanne, de grandes coopératives d’habitation ont été fondées juste après la fin de la première guerre mondiale. Mais ce style d’habitat a connu un véritable regain d’intérêt depuis le début des années 2000.
Aujourd’hui, la coopérative d’habitation concerne 185'000 logements au niveau suisse, soit environ 5% de parts de marché. Mais, dans certains cantons comme à Zurich par exemple, un cinquième des appartements sont prévus selon le modèle coopératif.
Des listes d'attente pour les logements en coopératives
Un modèle qui est même victime de son succès, selon Isabelle del Rizzo, la secrétaire générale de l’association romande des maîtres d’ouvrage d’utilité publique. "Les logements sont tous pris d’assaut et on n'a aucun problème à les louer. Parce qu’il y a une demande très forte et peu d’offre", explique-t-elle.
Selon elle, "le loyer - qui est en moyenne 20 à 30%, moins cher que les loyers du marché locatif standard - c’est un argument premier de taille". Mais d'autres considérations, écologiques par exemple, entrent aussi en ligne de compte quand il s'agit de choisir ce type de logement. L'interview d'Isabelle del Rizzo:
Trois projets dans le Valais romand
Si la coopérative d'habitation rencontre donc un succès croissant dans les autres cantons, ce n'est pas le cas en Valais. Trois projets seulement ont, à notre connaissance, été développés ces dernières années dans la partie francophone du canton.
A Bramois, le projet de la rue du Paradis semble aujourd'hui au point mort. A Saillon, la coopérative des Moulins est en train d'élaborer le dossier pour la mise à l'enquête publique qui devrait être lancée au début de l'an prochain. Et à Monthey, le projet de la coopérative d'habitation du Chablais avance lentement mais sûrement.
Un plan de quartier à Monthey
Les coopérateurs ont ainsi décidé de mettre sur pied un plan de quartier pour la zone comprenant leur parcelle de 4800m2, à proximité de la patinoire. "C'est hyper intéressant mais ce sont des échelles de temps un peu plus longues qu'un simple planning de chantier", note Eve Blatti, membre de la coopérative d'habitation du Chablais.
Elle ne peut donc pas donner de calendrier pour l'avancée du dossier. Mais elle se réjouit que les réflexions entamées par la coopérative puissent profiter à l'ensemble du quartier. L'interview d'Eve Blatti:
La coopération d'habitation du Chablais a par ailleurs lancé des discussions avec la commune de Bex pour y développer, peut-être, un nouveau projet. "C'est vraiment le début des discussions sur un éventuel développement", avertit Eve Blatti. Mais elle se réjouit de l'intérêt montré par les autorités bellerines.
Pas de coopérative sans soutien des autorités
Pour Isabelle del Rizzo, ce soutien des autorités est essentiel au développement des projets de coopératives d'habitation. En Suisse, huit cantons seulement ont mis sur pied des bases légales pour favoriser ce type de logements, dont Genève, Vaud et Neuchâtel. "Là où il n'y a pas de base légale qui encourage ce type d'habitations, le mouvement peine à se développer".
Le Valais était jusqu'à récemment un canton composé essentiellement de propriétaires et cela explique peut-être son retard en la matière. Mais les loyers y augment, comme partout ailleurs. Le canton devra donc se pencher sur la question, selon Isabelle del Rizzo:
Mettre à disposition des terrains
La secrétaire générale de l'association romande des maîtres d'ouvrage d'utilité publique estime par ailleurs que les communes ont aussi leur rôle à jouer. Souvent, ce sont elles qui mettent les terrains dont elles sont propriétaires à la disposition des coopératives. Cela facilite le montage financier du projet, explique-t-elle.
Isabelle del Rizzo estime que la Suisse peut en faire plus dans le soutien aux coopératives d'habitation. Les cantons de Zurich ou Genève ont créé des bases légales avec des quotas de logements d'utilité publique. "On peut aller plus loin, mais, pour cela, il faut une volonté politique. Sans cela, il n'y a pas ce levier qui permet d'encourager les logements d'utilité publique", note-t-elle.
Pour aller plus loin, la coopérative d'habitation du Chablais organise la semaine prochaine une table ronde à St-Maurice, sur le thème "Vivre ensemble, est-ce qu’on y gagne?". Toutes les infos ici
