La chasse valaisanne en ébullition : attaques personnelles, coups de gueule et plaintes pénales
La chasse valaisanne est sous tension.
La chasse valaisanne est sous tension. Elle est décriée et à travers elle, le Service tout entier. Les coups de gueules se multiplient, les attaques personnelles, les plaintes pénales. Notre dossier.
Parfois, il suffit d'une petite goutte d'eau pour que l’ensemble déborde. L’élément déclencheur s’est produit voici quelques semaines, un reportage de la RTS diffusé début novembre abordait la problématique des «safaris de bouquetins» en Valais. On y découvrait de riches étrangers venant, moyennant finance, abattre de vieux mâles pour leur trophée. Le tollé a été énorme. Une pétition pour interdire ces chasses/safaris avait été lancée dans la foulée, elle en est à plus de 63’000 signatures ce jeudi 5 décembre 2019.
Mais aujourd'hui, des voix s'élèvent pour dénoncer le reportage. Nous avons joint par téléphone l'Américaine Olivia Opre. On la voit dans le documentaire de «Mise au point», poser fièrement avec un trophée de bouquetin. Elle craint avoir été instrumentalisée : «Malheureusement, je ne parle pas français, je n’ai pas pu voir le reportage. Mais mes camarades chasseurs francophones m’ont affirmé qu’il y avait un agenda suisse, une échéance concernant la chasse. Il fallait montrer le côté négatif des chasseurs, surtout les chasseurs étrangers».
Un reportage orienté ?
Olivia Opre parle d'un agenda suisse. Il est question ici du référendum contre la nouvelle loi sur la chasse. Un référendum soutenu par les milieux écologistes. Cette idée d'un reportage orienté politiquement est soutenue par de nombreux chasseurs valaisans. Parmi lesquels James Derivaz, le président de la Diana du district de Martigny. «J’ai tenu à prendre la parole pour défendre la passion des chasseurs valaisans. Ils se sont fait un petit peu salir par un reportage orienté. Pour moi, ce reportage, c’est le début de la campagne du référendum contre la nouvelle loi sur la chasse. Les personnes derrière ce document, on les connaît. On y voit Stéphane Mettaz, le responsable technique de Raphaël Arlettaz. On sait très bien que Monsieur Arlettaz est contre cette nouvelle loi sur la chasse. Oui, je pense que tout ça est totalement orienté».
Raphaël Arlettaz mis en cause
Sur Rhône FM, James Derivaz met en cause Raphaël Arlettaz. Le Valaisan Raphaël Arlettaz, professeur en biologie de la conservation à l’Université de Berne. Le professeur tient à le dire clairement, il dément avoir participé au reportage : «On me prête un pouvoir que je n’ai pas (sourire)». Raphaël Arlettaz qui poursuit, «je ne suis pas contre la chasse ! Ce n’est pas Raphaël Arlettaz qui dit qu’il a des dysfonctionnements dans le Service de la chasse de la pêche et de la faune, c’est la commission de gestion du Grand Conseil qui a sorti un rapport en 2016... Dans le rapport, il est écrit que le chef de Service doit suivre une formation externe en conduite et gestion, en leadership. Il est écrit noir sur blanc que des objectifs clairs doivent être fixés et que s’ils ne sont pas atteints, «il s’agira de tirer les conséquences nécessaires»... Alors tirons les conséquences nécessaires si ce service dysfonctionne !»
Plusieurs plaintes pénales
Il y a les mises en causes personnelles. Il y a également les recours aux tribunaux. Raphäel Arlettaz, le professeur à l'université de Berne, a déposé une plainte pénale contre un garde-chasse valaisan qui est «sous le coup de trois, voire quatre instructions judiciaires (...) Il y a des témoignages qui affirment que ce garde-chasse aurait instrumentalisé la destruction de caméras de l’université de Berne, disposées sur le territoire valaisan. Si les faits sont avérés, je trouve cela extrêmement grave. Je n’ai jamais entendu messieurs Melly ou Scheibler s’exprimer sur cette question et comment ils perçoivent ça. Mais pour moi, c’est gravissime». Contacté, l'avocat du garde-chasse est clair : son client conteste toute forme d’infraction. Un garde-chasse mis en cause qui a lui aussi a porté plainte contre Raphaël Arlettaz, «pour diffamation voire calomnie», concernant des propos et des écrits qu'il aurait tenus.
Raphaël Arlettaz persiste et signe
Malgré les critiques dont il fait l’objet, Raphaël Arlettaz persiste et signe. Il affirme qu’il faut changer le Service de la chasse, en profondeur. Comment ? «En revoyant le mode de fonctionnement et l’approche des thématiques de gestion de la faune qui est archaïque. Il faut mettre des gens compétents à ce service. Il faut songer à ne plus mettre un juriste ou un économiste. Le chef du Service, Monsieur Scheibler, va partir à la retraite. Pour le remplacer, quand on a un problème avec la gestion de la faune, on essaie d’avoir un biologiste, un spécialiste de cynégétique à la tête du Service».
Raphaël Arlettaz, par exemple ? Le principal intéressé répond du tac au tac. «Raphaël Arlettaz est à l’orée de sa retraite. Il fait un travail captivant, la recherche sur la faune sauvage. Je suis beaucoup plus captivé par comprendre la faune sauvage que par gérer la chasse et les chasseurs en Valais. Excusez-moi, mais c’est une fausse question», conclut le biologiste. Contacté, le Service de la chasse ne veut pas revenir sur la polémique concernant le bouquetin. Peter Scheibler confirme néanmoins qu'il prendra sa retraite d'ici la fin de l'année prochaine.
Ci-dessous, écoutez notre reportage. Nous vous proposons également l’analyse de Raphaël Aerlettaz concernant la problématique des safaris de bouquetins. Un analyse biologique de la situation et de ses surprenantes conséquences sur la population !