L'entreprise vaudoise Cinérive reprend l'exploitation des cinémas de Martigny
Une page se tourne aux cinémas de Martigny. Les deux salles passent entre les mains vaudoises de Cinérive, déjà exploitant de 6 cinémas. A terme, il ne restera qu’une seule salle. Le Casino est appelé à disparaitre.

"Je suis dans les cartons et le nettoyage jusqu'au cou", raconte Martine Gay-des-Combes, plutôt émue, dans son cinéma Casino de Martigny. Pour la patronne des lieux, c’est la fin d’une ère qui s’annonce.
Après trois générations dans la même famille, l'exploitation des cinémas de Martigny sera reprise par Cinérive dès le 3 avril. L’entreprise vaudoise gère déjà 6 cinémas et 13 salles, de Orbe à Monthey en passant par Montreux et Aigle.
"Je suis à la fois soulagée de pouvoir prendre ma retraite et émue de voir cette longue histoire familiale prendre fin", admet-elle, enfoncée dans l'un des fauteuils de la salle.
Une salle sauvée par la commune
Le projet de la famille Darbellay de céder ses biens est connu depuis longtemps. "Nos enfants ne sont pas intéressées par cette carrière et le métier devient de plus en plus difficile", confesse Martine Gay-des-Combes.
La salle du Corso, sur l’avenue d Grand St-Bernard, est passée entre les mains de la Ville de Martigny, grâce à un don de Léonard Gianadda. Quant au Casino, au centre-ville, les papiers devraient être signés d’ici la fin de l’année, avec un autre propriétaire. "En fonction de ses projets, le bâtiment sera rasé et remplacé dans les 2 à 5 ans", selon la future ex-propriétaire.
Un schéma qui se répète
Restait donc à trouver un exploitant pour ces deux salles de projection. L'une pour du court à moyen terme, l'autre pour du long terme.
Cinérive s’est imposé rapidement au premier rang. "L'entreprise en a fait son créneau", expose Jonathan Waser, programmateur et membre de la direction de Cinérive. "Déjà dans les années 80, les plus petites villes ont vu les cinémas laissés vacants par leurs exploitants. Ces infrastructures étant difficiles à vendre en l'état, c'est souvent la commune elle-même qui investit pour sauver cette offre."
Cinérive se place ensuite comme un spécialiste en exploitation, capable d'amener les connaissances techniques et administratives pour faire tourner le lieu et faire rentrer la commune dans ses frais.
Garder l'âme de la salle
La programmation des salles de Martigny ne devrait pas être chamboulée dans l’immédiat. Tout comme l’équipe de collaborateurs qui restera en place. "L'idée n'est pas de créer une chaîne sans personnalité", insiste Jonathan Waser. "Le nom de Cinérive est d'ailleurs assez peu mis en avant. Le public est généralement attaché à sa salle de cinéma avec ses spécificités locales."
Malgré un contexte incertain, avec une fréquentation générale des cinémas à la baisse, Jonathan Waser se dit optimiste pour le futur du grand écran. "L'humain est fait pour interagir avec ses semblables et il est prouvé que les émotions vécues dans un cinéma sont décuplées", décrit le programmateur. "Et puis avec la numérisation, l'accès aux salles pour les films très locaux est devenue beaucoup plus simple et moins coûteuse. On peut donc imaginer de multiples événements en dehors des séances dites "commerciales"."
Notons que les salles de Martigny seront fermées les 3 et 4 avril et rouvriront le 5, avec la programmation de Cinérive.