Il raconte l'histoire d'une communauté écolo valaisanne face à une crise alimentaire mondiale
Comment survivre à une crise alimentaire mondiale ? C’est le point de départ du nouveau roman d’Olivier May, «Agrotopia». Il base son intrigue dans une communauté utopiste, écologiste et sectaire valaisanne.
C’est une histoire qui vire au cauchemar: le récit d’une jeune ingénieure agronome, Solène, qui rejoint une communauté écologiste et utopiste en Valais, nommée Agrotopia – c'est également le titre du livre.
C’est alors qu’une catastrophe alimentaire mondiale éclate : un virus décime les récoltes. La vallée est bouclée, il faut sauver ce qui peut l’être.
Voici le point de départ du nouveau roman du Genevois Olivier May sorti il y a quelques jours aux Editions Okama.
Deux camps se font alors face. D’un côté le géant agroalimentaire, Synsanto, et de l'autre, cette communauté, presque sectaire, qui exploite ses terres sur la base de la permaculture. Pour Olivier May, il s’agissait de traiter de plusieurs thèmes très actuels, comme la sécurité alimentaire et la préservation des récoltes. « La communauté que je décris est consciente de l'importance de la diversité des semences, que ce soit des variétés anciennes ou naturellement adaptées au climat de leur région, le Valais, explique le Genevois. L'un des enjeux du roman se construit autour de la préservation de cette banque de semences, évidemment convoitée en période de crise.»
Inspiré par les «Farinet modernes»
Selon l’auteur – qui est également un archéologue qui a fouillé le canton pendant trois ans et qui connaît donc particulièrement bien la région – cette communauté ne pouvait se développer que dans l’une des vallées . «Oui, le paysage m'inspirait beaucoup, s'enthousiasme Olivier May. Cette utopie autarcique s'intègre totalement dans cette région avec cette organisation en "étages": l'étage des vignes, l'étage des mayens, l'étage des alpages, etc. Cela forme un tout.»
Cette utopie autarcique s'intègre totalement au Valais.
Olivier May, auteur d'Agrotopia
Il avoue également que l’histoire récente a offert des figures de frondeurs aux Valais, digne d’inspiration. « Je pense à Bernard Rappaz, quoi que l'on pense de ses affaires judiciaires, pour moi, cela a quand même été un visionnaire, un précurseur. Et je pense également à un autre Valaisan d'origine, un anarchiste, Narcisse René Praz, qui a longtemps habité à Genève. Je me souviens très bien de ses apparitions quand j'étais ado. J'ai l'impression que le Valais avait encore ses Farinet modernes.»
«Je me méfie des utopies»
Tout n’est pas rose pourtant dans cette communauté. Si, selon Olivier May, l’objectif d’Agrotopia est noble, le Genevois critique également ce genre de sociétés "New Age" ou "bobos". «Très souvent, les modèles critiqués et les contre-modèles sont formés par les mêmes êtres humaines: la seule différence est peut-être le parcours et les rencontres qui ont fait choisir une voie plutôt que l'autre.» Il se méfie donc des utopies. «Lorsque l'on veut créer une alternative de société, il faut faire très attention: les grandes idéologies libératrices ont montré leur face sombre très rapidement... On peut bien s'attaquer aux multinationales, mais il faut également emporter avec soi l'adhésion populaire, autrement cela ne fonctionne pas.»
«Dans tout texte militant, vous mettez de côté, un certain nombre de faits ou d'opinions un peu dérangeantes pour vous focaliser sur votre ennemi. Mon livre n'est pas dénonciateur.»
Olivier May, auteur d'Agrotopia
Si le roman offre une vision alternative de l’agriculture, le livre Agrotopia – bien que politique – n'est pas militant. « Je vais vous avouer quelque chose d'assez désespérant, confie Olivier May. Dans tout texte militant, vous mettez de côté, un certain nombre de faits ou d'opinions un peu dérangeantes pour vous focaliser sur votre ennemi. Mon livre n'est pas dénonciateur. Je veux poser des faits et raconter l'histoire d'une jeune fille prise entre deux idéologies, puisque son père est un représentant de Synsanto.»