Il faudra décider l'an prochain s'il faut interdire l’importation de foie gras dans le pays
L'importation de foie gras en Suisse, bientôt du passé ? Les Suisses trancheront 2025. Pour les initiants, il s'agit d'un problème éthique qu'il est nécessaire de mettre sur la table. Et qui entraînera forcément des conséquences dans les restaurants du pays.
La semaine dernière, le Conseil fédéral a décidé de rejeter l’initiative de l’Alliance animale suisse, sans contre-projet. Celle-ci veut interdire l'importation de foie gras issu du gavage forcé des animaux. Un sujet sensible des deux côtés de la Sarine, car le foie gras est avant tout un mets apprécié des Romands.
Or, sous la Coupole, les Suisses-allemands sont majoritaires et pourraient bien dicter aux Romands le contenu de leurs assiettes. Une situation que les sept sages veulent éviter coûte que coûte. Le Conseil fédéral propose donc comme compromis de mentionner clairement sur l’emballage des produits que le foie gras est obtenu grâce au gavage des oies.
Pas suffisant, selon Luc Fournier, membre de l'Alliance Animale Suisse et porte-parole du comité d'initiative : "si on prend l'exemple des œufs qu'on importe en grande quantité en Suisse chaque année par exemple ; le fait de savoir que ce sont des poules élevées en batterie qui pondent ces œufs, n'a aucune incidence sur les ventes. Il n'y a aucune raison pour que ce soit différent en ce qui concerne le foie gras. Ceux qui aiment ce mets vont continuer d'en manger".
200 tonnes par année
Le Conseil fédéral estime que la consommation suisse ne représente que 1% de la demande de foie gras sur le marché mondial. Un petit pourcent dont l'impact sur le commerce mondial est conséquent malgré tout, affirme Luc Fournier :
La pratique du gavage forcé est jugée cruelle envers les bêtes, selon le groupe des initiants. Ces derniers estiment aussi qu'il s'agit d'une réelle incohérence, car si la production de cet aliment est interdite en Suisse depuis plus de 40 ans, en faire venir de France voisine par exemple est en revanche à ce jour encore autorisé.
Entre habitudes culinaires qui nous viennent de France voisine et questions d'éthique, les initiants ont fait leur choix :
Rayé de la carte
De son côté, Yvan Biollay, gérant et chef de cuisine du Resto-Verso à Sion comprend cet argumentaire, mais nuance, malgré tout, ses propos : "c'est vraiment une question d'éthique. On essaie de travailler qu'avec des produits frais ou qui ont une traçabilité et une authenticité. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde".
Yvan Biollay estime en outre que l'interdiction de l'importation de foie gras aura un impact certain pour l'ensemble des restaurants qui proposent ce mets sur leurs cartes. À commencer par le sien :
"Si on doit faire sans, il nous faudra de toute façon trouver d'autres solutions", conclut Yvan Biollay, pragmatique.
Si cette initiative devait être acceptée dans les urnes, l'interdiction s'appliquerait alors également aux particuliers qui ne pourraient plus importer ces produits pour leur usage personnel.