Fédérales : un candidat UDC du Valais romand se paie une campagne à 250'000 francs
Pour les Fédérales d’octobre, le candidat UDC Ronald Zacharias veut marquer les esprits.

Pour les Fédérales d’octobre, le candidat UDC Ronald Zacharias veut marquer les esprits. Le promoteur genevois, qui a désormais ses papiers à Verbier, compte faire une campagne «à l’américaine». Cet homme d’affaires, très à l’aise financièrement, investit plus de 200’000 francs dans sa campagne et offre un tout-ménage au parti à hauteur de 40’000 francs.
Il est parti tôt, très tôt Ronald Zacharias. Les encarts publicitaires dans les médias locaux, les promotions sur les réseaux sociaux se multiplient depuis quelques semaines. Ronald Zacharias est inconnu en Valais, il veut que ça change et il compte y mettre le prix. L’homme est candidat UDC pour un poste de conseiller national.
Un riche contribuable
Pour comprendre la démarche, il faut tout d'abord cerner le personnage. Ronald Zacharias est un avocat et promoteur immobilier genevois de 70 ans. Un homme qui a réussi dans le monde des affaires, il est le propriétaire de dizaines d’appartements et de plusieurs immeubles à Genève. Se disant excédé par la pression fiscale et recherchant un cadre de vie plus agréable, il dépose ses papiers à Verbier en novembre 2018. Verbier, la station où il possède un chalet depuis 25 ans. Côté politique, l'homme est un ancien du MCG, le Mouvement citoyens genevois, ancien député au Grand Conseil du canton de Genève et ancien président de l’association «Halte à l’enfer fiscal genevois». La politique le rattrape. Quelques mois après son installation dans le canton, il rejoint l'UDC du Valais romand. En mars, il est présenté par la section de l'Entremont pour figurer sur la liste principale du parti lors des élections au Conseil national.
«Adoubé» par le parti
Nous avons rencontré Ronald Zacharias dans un bistrot de Martigny ce lundi après-midi. Cheveux blanc peignés en arrière, Ray-Ban et chemise bleu ciel, l'homme se dit au clair avec ces élections. Il assume cette entrée en campagne remarquée. «Je conduis une campagne totalement décomplexée. Il faut être transparent. Le budget de la campagne personnelle sera d'environ 200'000 francs, peut-être plus, je ne suis pas particulièrement attaché à ces détails, au franc près. Je veux être une force de proposition qu'on acceptera, ou pas, en Valais». Ronald Zacharias possède une assise financière qui n'est pas négligeable pour l'UDC du Valais Romand. «C'est la présidente de l'UDC Genève, Céline Amaudruz, qui a contacté Cyrille Fauchère et Jean-Luc Addor, voici quelques mois, nous raconte Ronald Zacharias. J'ai déjeuné avec eux, et après consultation du comité directeur, j'ai été «adoubé» en quelques sortes, sous réserve de l'assemblée générale bien sûr, qui avait le dernier mot».
200'000 de campagne, 40'000 de don
Adoubé par l’UDC du Valais romand. Que dire alors de cette importante somme versée au parti, ces 40’000 francs de don ? Ronald Zacharias a-t-il "acheté" sa candidature ? «Pas du tout, nous répond-t-il. En Valais, il faut être humble et modeste pour espérer se faire accepter. Je me suis inscrit, j'ai respecté le protocole. Comme je vous l'ai dit, j'ai d'abord été candidat. Ensuite, et ensuite seulement, il est vrai que j'ai proposé une aide financière. Parce que les finances n'étaient pas de nature à pouvoir affronter une élection fédérale, j'ai un peu aidé afin qu'il puisse y avoir un tout ménage digne de ce nom. Il s'agit d'une somme, je veux être tout à fait transparent là-dessus, de 40'000 francs. En d'autres termes, c'est un don que j'ai fait au parti.»
Un don de 40'000 francs pour financer un tout-ménage. Cyrille Fauchère, président de l’UDCvr confirme : «Oui c’est exact. Il faut savoir que monsieur Zacharias est un entrepreneur, un homme politique expérimenté. Il faut être suffisamment humble pour savoir retirer ce qu'il a de bénéfique dans l'expérience de ses collègues. Et monsieur Zacharias amène cette expérience, c'est une plus-value pour l'UDCvr.»
Caisses vides pour l'UDCvr
Concernant la campagne de Ronald Zacharias et ses plus de 200’000 francs qui seront investis, cela ne pose aucun problème pour le président Cyrille Fauchère. «C'est son investissement propre, son argent personnel. L'UDC n'a pas à commenter, valider ou invalider les montant investis. En revanche, il faut savoir que pour la campagne électorale de base, il y a un socle commun payé par les finances du parti, dans lequel il apparaîtra bien sûr. Pour le reste, comme tous les autres candidats, c'est la liberté de l'individu. Rien ne s'oppose à sa campagne personnelle». Cyrille Fauchère qui parle d’une année difficile pour ces élections : «Il est vrai que l'UDC est dans une configuration particulière au niveau des finances. Normalement, pour une élection fédérale, nous avons deux ans pour thésauriser. Les élections à la Constituante l'an dernier ont mis à mal les finances du parti. Pour l'UDC du Valais romand, la campagne plafonnera à 80'000 francs".
Ronald Zacharias a-t-il monnayé sa candidature ?
Alors la question qui revient : l’argent de Ronald Zacharias a-t-il pu jouer dans son intronisation comme candidat au Conseil national ? «Pas du tout, répond le président de l’UDCvr, car les finances personnelles de monsieur Zacharias ne sont pas débattues au sein du parti. Nous connaissions bien sûr monsieur Zacharias de réputation, par nos homologues de l'UDC Genève aussi. Mais à partir du moment où il remplit les critères politiques, qu'il signe la charte comme tous les autres candidats... Pour nous, il n'y avait aucune objection à ce qu'il vienne sur nos listes».
De son côté, Ronald Zacharias conclut qu'il continuera ses promotions dans les différents médias et sur les réseaux sociaux durant les prochains mois. Pour mener à bien sa campagne, l'homme d'affaires nous confie louer les services d'une agence de communication vaudoise.