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Et si votre prochaine âme sœur était virtuelle ?

À Sion, la start-up Soulmaite propose des compagnons virtuels conçus par intelligence artificielle. Une vingtaine d’avatars, de l’ami au partenaire sexuel, sont disponibles sur abonnement. Une intimité simulée qui menace de remplacer le lien humain.

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ACROSS-51723
Antoine Crognaletti, Rédaction Rhône FM
11 déc. 2025, 07:30
/ Màj. il y a 1 jour
Aperçu du catalogue des IA proposé sur le site internet de l'entreprise sédunoise.
Aperçu du catalogue des IA proposé sur le site internet de l'entreprise sédunoise. © Soulmaite

C’est en observant la montée de l’isolement social et le boom de l’intelligence artificielle que Marc Vuissoz a imaginé Soulmaite, une entreprise lancée en 2023 et détenue par la holding d’investissement sédunoise "Audacia". Son principe : offrir à chacun la possibilité de tisser un lien émotionnel avec un personnage généré par IA.

Concrètement, l’utilisateur choisit un avatar parmi une vingtaine de profils — 15 féminins et 5 masculins — définit la nature de la relation (amicale, romantique, sexuelle ou mentorat), puis entame les échanges via Telegram, une messagerie jugée plus intime. Trois formules d’abonnement sont proposées, de quelques francs à 11 francs par mois, selon le volume de messages ou d’images.

"Plus l’utilisateur est explicite, plus l’IA l’est aussi" Marc Vuissoz, directeur de Soulmaite

Conversations intimes, contenus explicites et modération floue

Une fois la relation enclenchée, l’IA s’adapte au ton et aux envies de son interlocuteur., elle flirte, écoute, questionne. Dans les formules les plus explicites, elle peut envoyer des messages à caractère sexuel ou générer des images pornographiques, mais toujours à l’initiative du client, selon le directeur de Soulmaite.

"Plus l’utilisateur est explicite, plus l’IA l’est aussi", explique Marc Vuissoz. Des garde-fous existent pour bloquer les contenus illégaux, mais l’entreprise reconnaît qu’elle ne lit pas les échanges. Elle s’appuie sur la modération automatique des modèles utilisés et bloque certains messages sans réponse.

Objectif : fidéliser les solitaires d’Amérique

Avec environ 200 abonnés actifs et des essais quotidiens, Soulmaite vise surtout l’étranger, notamment les Amériques. En Suisse, le phénomène reste marginal. Le public se divise en deux grandes catégories : les trentenaires à la recherche de lien affectif durable, et les plus jeunes attirés par des échanges érotiques. L’entreprise assume pleinement de "combler un vide", en se comparant à "une nouvelle forme de psychologue". Une position qui ne manque pas d’interroger, alors que le service vend du lien virtuel...

"On s’attache à une simulation qui nous conforte, mais qui ne nous fait pas grandir" Niels Weber, psychologue et psychothérapeute spécialisé en hyperconnectivité

Le regard du psy : “Une illusion de relation sans contraintes”

Niels Weber, psychologue et psychothérapeute spécialisé en hyperconnectivité, analyse avec nuance ce phénomène. Pour lui, ces intelligences artificielles peuvent représenter une forme de refuge pour certains profils : des personnes introverties, socialement anxieuses ou ayant vécu des expériences traumatiques dans leurs rapports humains. "Elles offrent un cadre rassurant, sans confrontation, sans exigence, dans lequel l’utilisateur se sent écouté, accepté, parfois même valorisé", décrit-il.

Mais cette absence de confrontation, selon lui, est précisément ce qui différencie ces échanges d’une vraie relation. "On s’attache à une simulation qui nous conforte, mais qui ne nous fait pas grandir", avertit-il. Une relation humaine implique un effort d’adaptation, de compromis, une dynamique imprévisible. Rien de tout cela dans le dialogue avec une IA, conçue pour aller dans le sens de l’utilisateur.

Il alerte aussi sur le fonctionnement économique de ces plateformes, qu’il juge problématique. "Plus l’utilisateur paye, plus l’IA répond. On crée une habitude émotionnelle, puis on la monétise", souligne-t-il. Une logique de dépendance comparable à celle des réseaux sociaux ou des plateformes de streaming, où la promesse d’un service personnalisé masque parfois une stratégie d’accoutumance. Le risque, selon lui, est de glisser insidieusement vers une forme d’addiction affective, difficile à reconnaître et à réguler.

Comment repérer une dépendance à une IA ?

Selon Niels Weber, certains signes doivent alerter :

  • Vous passez plus de temps avec l’IA qu’avec vos proches.
  • Vous ressentez de l’anxiété quand elle ne répond pas.
  • Vous négligez sommeil, travail ou relations sociales pour poursuivre la conversation.
  • Vous vous identifiez fortement à l’avatar ou projetez des émotions humaines sur lui.
AC
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