Elles veulent briser les tabous sur la procréation médicalement assistée
Ils ont souvent peur d'être jugés, ont de la peine à en parler, se sentent très peu accompagnés.

Ils ont souvent peur d'être jugés, ont de la peine à en parler, se sentent très peu accompagnés. Et pourtant, ils vivent de grands moments de désarroi. On parle de ces couples qui ont de la difficulté à avoir des enfants de manière dite "naturelle" et qui se tournent alors vers la procréation médicalement assistée. Aujourd'hui en Suisse, cela touche entre 10 et 15% des couples et plus de 1% des bébés sont issus de la fécondation in vitro (FIV). Des femmes témoignent; des politiciens (valaisans) prennent la question à bras le corps.
«J’avais plus d’un litre de sang dans l’abdomen»
Sarah Guldimann a le ton déterminé et n'a pas peur de décrire sa situation telle qu'elle est, sans détours. C'est une femme meurtrie, mais une femme qui veut se battre. «J’ai vécu trois grossesses extra-utérines. Lors de la dernière, j’ai dû être opérée d’urgence parce que j’avais plus d’un litre de sang dans l’abdomen, se rappelle la Fribourgeoise. Lorsque je me suis réveillée, on m’a annoncé qu’on m’avait enlevé les deux trompes et donc, que la seule manière pour mon fiancé et moi d’avoir un enfant serait de passer par une fécondation in vitro.» L’annnonce est proférée sur un ton clinique, sans pincette. La jeune femme ne recevra aucun suivi psychologique et le couple restera seul avec sa multitude de questions. Et pourtant «un papa, une maman et des enfants», rien ne pourrait les dévier de cet objectif familial.
«Il y a des inégalités en matière de remboursement de la PMA»
Leur choix se tourne alors vers une fécondation in vitro. Et pourtant, en Suisse, cette forme de procréation n'est pas remboursée. Ils partiront donc en République tchèque. «Un choix économique», se désole Sarah Guldimann. Ils payeront ainsi environ 2’300 euros pour les différentes interventions alors qu'en Suisse, on parle d’une dizaine de milliers de francs à chaque essai. «Cette différence de prix n’est pas normale! s’offusque Sarah Guldimann. Chez nous, l’insémination artificielle est remboursée (NDLR: les trois premiers essais), mais pas la fécondation in vitro. Mon combat aujourd’hui, c’est de lutter contre ces inégalités. La Suisse est un pays riche, on devrait donc pouvoir trouver une solution!»
En politique: droite et gauche concernée
Du côté du politique, le sujet est également pris en main. En Valais, deux hommes se sont penchés sur la question, avec plusieurs angles d'approche. Le socialiste Mathias Reynard et l'UDC Jean-Luc Addor. Ce dernier a déposé en septembre dernier une motion demandant le remboursement de la procréation médicalement assistée pour les couples qui en ont besoin. Sa motion est d’ailleurs co-signée majoritairement par des représentant de la gauche. Au PLR tout de même, Laurent Wehrli (VD) soutient le texte. A l’UDC, c’est Céline Amaudruz (GE) qui donne son aval. «Des alliances stratégiques», justifie Jean-Luc Addor qui compte ratisser large pour faire passer sa motion.