Des médicaments en rupture de stock : une galère au quotidien à l'Hôpital du Valais, comme partout

Plus un jour ne passe sans que la pharmacie de l'Hôpital du Valais ne doive composer avec une rupture de stock pour des produits thérapeutiques. L'an passé, ce fut le cas à 247 reprises. Cette année, il faut compter avec une augmentation de 30%.
Antibiotiques, anxiolytiques, vaccins, produits d'appoints en chimiothérapie, tout y passe. Le phénomène dépasse largement les frontières cantonales. A dire vrai, il est planétaire explique Johnny Beney, pharmacien chef et président de la faîtière suisse des pharmaciens hospitaliers et d'administration (interview ci-dessous). Certains principes actifs, dit-il, ne sont plus fabriqués que dans quelques firmes, voire une seule à l'échelle mondiale. Ils sont donc tributaires des marchés ou de la casse éventuelle sur le lieu de production.

Une incidence sur la politique sanitaire nationale en matière de prévention

La situation impacte directement la politique suisse de la santé. C'est le cas notamment pour la prévention. Les vaccins n'échappent en effet pas à ces ruptures de stock. "Par exemple pour la vaccination contre la rage, la difficulté d'approvisionnement à laquelle on doit faire face nous conduit à ne faire que de la prophylaxie post-expositionnelle…On ne vaccine plus les personnes à titre prophylactique pur, on ne vaccine que les personnes qui ont été mordues par un animal…", relève Johnny Beney. La situation est momentanément similaire avec la prévention de la méningo-encéphalite à tiques. Le politique sanitaire veut encourager la prévention mais les "doses" font défaut, "sans doute parce que leur usage a déjà fortement augmenté entre 2018 et 2019", explique Johnny Beney. En Valais, le nombre de ces vaccins a triplé en un an. Et dans ce cas, la situation devrait pouvoir se corriger à moyen terme.

Un suivi fédéral au quotidien

C'est à l'OFAE, l'office fédéral de l'approvisionnement économique, que revient la tâche de gérer ces "trous" de livraison.
L'office propose notamment, en collaboration avec la Société suisse d'infectiologie, les alternatives thérapeutiques mais peut aussi puiser dans les stocks pour certains produits incontournables, gérés par la Confédération. Des réserves de guerre en quelque sorte, uniquement sur 50 à 60 produits vitaux, sollicitées 27 fois l'an passé, explique Ueli Haudenschild, membre de la direction de l'OFAE, responsable des secrétariats alimentation et produits thérapeutiques (interview ci-dessous). C'est aujourd'hui encore le cas, par exemple, de l'antirabique Tollwut, indisponible jusqu'en novembre 2020 et fournit exclusivement sur ces stocks de la Confédération.
Sur l'année, il faut compter avec environ 300 ruptures d'approvisionnement annuelles. "Jusqu'à maintenant, on a toujours eu la possibilité de changer le médicament ou la thérapie…la difficulté revient aussi aux hôpitaux qui peuvent mettre du temps pour trouver la deuxième meilleure possibilité", rassure Ueli Haudenschild. Cas échéant, et cela arrive régulièrement, si la "crise d'approvisionnement" dure, l'OFAE décrète une forme de rationnement avec usage limité aux situations dites d'urgence.

La situation n'est pour l'instant pas en situation de changer avec l'augmentation des besoins constatés notamment en Afrique et en Chine. La conséquence est directe : à l'heure actuelle et sans production directe en Suisse, le marché reste tributaire de ces quelques "pharmas" qui approvisionnent le marché mondial et qui lorsque la chaîne de production est arrêtée, plongent la planète sur une rupture d'approvisionnement.