Des infirmiers praticiens pour pallier la pénurie de généralistes: l'idée germe en Valais
Des infirmières spécialisées, pour soigner les patients au même titre que les médecins. Le modèle, récemment introduit au canton de Vaud, séduit des parlementaires Valaisans, qui espèrent pallier la pénurie de soignants.

Des infirmiers et infirmières spécialisés, formés pour exécuter les mêmes tâches que les médecins traitants: le concept pourrait-il s'implanter en Valais? Des parlementaires valaisans, désireux de pallier la pénurie de professionnels soignants, sont séduits par l'idée. Dans un postulat, ils demandent au Canton la possibilité d'introduire des infirmiers praticiens spécialisés (IPS) dans le réseau de santé valaisan.
Un master a été créé dans le canton de Vaud et la première volée a terminé son cursus en automne. Concrètement, il permet aux infirmiers diplômés de poser des diagnostics simples, de prescrire des médicaments et d'exécuter certains soins en toute autonomie.
Mais pourquoi passer par la sphère politique pour accueillir ces professionnels et pas directement par l'Hôpital du Valais ? "Un changement de base légal est nécessaire pour permettre à ces nouveaux soignants d'exercer dans le canton", répond Alexandre Maret, député suppléant et porteur du postulat.
Un projet qui suscite le débat
Le canton de Vaud, justement, a changé sa base légale en 2018… mais pas sans passer par de longs débats en amont. "Evidemment, on bouscule l'ordre établi en confiant des missions aux infirmiers qui sont jusqu'alors réservés aux seuls médecins, reconnait Alexandre Maret, infirmier de profession. Sans oublier les inquiétudes des lobbys médicaux. Mais le modèle fait ses preuves au Canada et en Australie, avec une grande satisfaction de la part des patients."
Mais confier sa santé à un soignant qui, malgré son cursus, possède moins de compétences techniques qu'un médecin, ne présente-t-il aucun risque pour le patient? "Il faut bien distinguer les champs de compétences. On ne parle pas d'évaluation complexe mais plutôt de soins de première ligne. Ce sont des missions que l'infirmier exécute déjà dans le cadre de l'hôpital, même si elles ne sont pas forcément reconnues."
Convaincre la sphère médicale
Reste qu'au delà du politique, il faudra aussi convaincre la sphère médicale, puisque le cursus passe par des tâches pratiques, sous l'expertise d'un médecin. "J'ai parlé avec plusieurs généralistes qui sont tout à fait ouverts à cette profession, estime Alexandre Maret. Eux-mêmes sont conscients des difficultés et de la nécessité de repenser notre système de soins pour répondre à la demande. Le challenge sera, pour certains, de déléguer, d'accepter de laisser le champ diagnostic aux infirmiers, par exemple."
L'idée d'introduire des infirmiers praticiens dans le réseau de santé valaisan sera débattue par le Grand Conseil le 8 février prochain.