Des Etats-Unis à Sion, comment la pédopornographie en Valais est traquée par les Américains
Un organisme américain qui traque les pédocriminels du monde entier. C'est de cette manière qu'un jeune Valaisan a été confondu et renvoyé devant la justice. On vous explique le fonctionnement de cette coopération internationale.

Un jeune Valaisan en procès ce lundi pour pédopornographie devant le Tribunal de Sierre. L'homme, âgé de 24 ans, est accusé d'avoir téléchargé des fichiers pédopornographiques sur le Darknet et de les avoir échangés via le réseau social Snapchat, avec des contacts virtuels rencontrés également sur ce réseau. Le prévenu a ainsi diffusé une dizaine de fichiers pédopornographiques par ce biais.
L'acte d'accusation met en lumière la manière dont le jeune Valaisan a été pincé. La méthode mérite qu'on s'y arrête. Le téléchargement et l'envoi des fichiers illicites ont été détectés aux États-Unis. Des serveurs américains ont repéré deux comptes Snapchat liés à une même adresse e-mail, dont le propriétaire vit en Valais.
Des Etats-Unis au Valais
Aux États-Unis, la loi oblige les géants du web à envoyer des rapports sur tout matériel relatif à l'abus sexuel d'enfants qu'ils détecteraient sur leur plateforme. C'est ainsi que le "National Center for Missing and Exploited Children" (NCMEC) obtient les données de la part de Facebook, Instagram, X (ex-Twitter), Snapchat, Tiktok, etc. Créée en 1984, l'organisation a pour but de retrouver des enfants disparus et de prévenir l’exploitation sexuelle des enfants. "Ce centre va se charger d’analyser le compte et récolter le plus d’informations possibles", explique Cynthia Zermatten, porte-parole de la Police cantonale valaisanne.
La personne suspectée de pédopornographie est identifiée et son dossier transmis au service de police du pays concerné. Pour la Suisse, l'Office fédéral de la Police (FEDPOL) est informé. "La Police fédérale va recevoir les dossiers, les analyser et, si effectivement les soupçons sont fondés, va les transmettre à la Police cantonale compétente", détaille Cynthia Zermatten.
En Valais, les dossiers sont traités par la section "Mineurs et Mœurs". Les inspecteurs procèdent aux investigations et dénoncent l'auteur aux autorités compétentes. Les infractions sont poursuivies d'office. Il n'y a pas besoin de plaintes ou de victimes identifiées pour dénoncer les auteurs.
En moyenne, 80 dossiers sont reçus chaque année par la Police cantonale via NCMEC.
Un phénomène en hausse avec l'essor des réseaux sociaux
Dans 3 cas sur 4, les auteurs valaisans sont des adolescents ou de jeunes adultes, qui partagent des contenus pédopornographiques. Les "nudes" sont des photos ou des vidéos à caractère pornographique que certains mineurs s'envoient via les réseaux sociaux. "Là, on parle d’un mineur qui fabrique de la pornographie, qui se filme nu dans des positions suggestives ou qui filme ses parties intimes par exemple", explique Cynthia Zermatten. "Ce jeune-là fabrique potentiellement de la pédopornographie", met en garde la porte-parole de la Police cantonale. Elle se veut toutefois rassurante : " ça démontre que bien souvent ces cas débouchent sur des bêtises de jeunesse alors que le but premier de l’organisation NCMEC est de lutter contre la pédocriminalité et l’exploitation des enfants".
Depuis juillet 2024, la loi a été modifiée pour permettre à certains jeunes mineurs de s'envoyer des "nudes". La personne ne doit pas être rémunérée pour la fabrication des images. Les deux utilisateurs doivent se connaître en dehors des réseaux sociaux et si l'un d'eux n'a pas atteint 16 ans, leur différence d'âge ne doit pas excéder les trois ans. La loi a pour but de punir le partage de ces fichiers sans l'autorisation de la personne qui figure sur les images.
Renvoyés devant le Tribunal des mineurs pour les adolescents ou auprès du Ministère public dès 18 ans, les auteurs risquent des sanctions. "La loi, elle est claire, celui qui consomme, fabrique, importe, met en circulation, montre, rend accessible de la pornographie interdite se rend punissable de l’article 197 du code pénal, qui peut engendrer une peine allant jusqu’à 3 ans d’emprisonnement", rappelle Cynthia Zermatten.