Covid ou grippe espagnole, si proches après 100 ans si l'on en croit la Société d'Histoire du Valais
A travers les peurs dans l'histoire du canton, la Société valaisanne d'histoire a fait le détour par 1918… et une certaine grippe espagnole qui n'est pas sans rappeler une pandémie autrement plus actuelle. Un hasard…
La peur de la folie, du schisme, de la falaise ou du glacier…
La peur des "rouges" - comprenez les socialistes - , la chasse au diable, aux sorcières…
Toutes ces peurs et quelques autres, ancrées dans l'imaginaire ou la réalité du Valais, étaient samedi au cœur des conférences proposées par la Société d'Histoire du Valais romand qui tenait ses assises annuelles à Saxon.
Mais il faut tout de même admettre qu'il en est une qui a sans doute parlé, de manière particulièrement actuelle à l'auditoire des 120 personnes inscrites : le gros détour par 1918-19 avec le passage de la grippe espagnole. On peut parler de hasard, reconnait Jean-Henri Papilloud, président de la Société d'Histoire du Valais romand, dans la mesure où le programme a été choisi fin 2019.
Des similitudes marquées près d'un siècle plus tard
Résultat, c'est à travers sa propre thèse que la doctoresse Laura Marino, endocrinologue au CHUV, s'est mise dans la peau d'une infirmière de l'époque, confrontée à cette pandémie tombée comme la foudre sur la population mondiale.
Alors que la 1ère guerre mondiale occupe tous les esprits, les Valaisans apprennent par les journaux, l'apparition de l'épidémie dont la létalité est 25 fois supérieure à celle de la grippe saisonnière.
Au fur et à mesure de l'apparition des contaminations, la peur de l'inconnue s'installe. "Beaucoup de rumeurs circulent à ce moment-là : est-ce une maladie larguée par les Allemands sur le continent…Pourquoi ces jeunes hommes, la plupart du temps, décèdent aussi rapidement…", explique Laura Marino. Le plan sanitaire est lancé et les premières mesures sont prises : interdiction des manifestations et des cortèges, des bals ou des répétitions, distanciation, report de la rentrée scolaire, port de masques et création de locaux d'accueil pour les patients atteints par la grippe espagnole, le premier dans les locaux de l'Ecole normale des filles à Sion.
La pandémie fera près de 1500 victimes en Valais pour environ 16 mille cas recensés. Sans doute plus lorsque l'on sait qu'à l'époque le canton comptait 40 médecins plus occupés à soigner des patients qu'à fournir des statistiques. Mais quoi qu'il en soit, le canton aura été nettement moins touché : presque cinq fois moins qu'aux Grisons et quatre fois moins qu'à Lucerne. "La grippe aura également permis d'assurer une place primordiale à l'hygiène", rappelle Laura Marino.
Il n'empêche qu'aujourd'hui, le COVID prend un petit goût de déjà vu lorsque l'on fouille dans l'histoire qui, au final, une fois de plus, se répète sans que l'homme n'en tire toujours les meilleures leçons.
Sans doute parce que "L'histoire est un vaste grenier où se trouve des choses, des idées, des passions, des enseignements… Chacun peut aller y puiser ce qui l'intéresse", conclut Jean-Henri Papilloud.