Couturière de l’Eglise : rencontre avec la petite fée de l'Abbaye de St-Maurice
Joytika Cristina Monnet vit son métier avec passion. Un métier unique, qu'elle partage entre son atelier de Collombey, situé dans un monastère, et l'Abbaye de Saint-Maurice. Sa mission, confectionner des robes de mariées et des habits liturgiques.

Elle nous reçoit dans un lieu unique. Imaginez un monastère posé à flanc de coteaux, sur les hauts de Collombey-Muraz. D'immenses murs en pierre vous accueillent. On la suit dans un labyrinthe, les portes et les pièces s'enchainent, une cour intérieure, puis un escalier, un parquet qui grince, une nouvelle porte. Et enfin, son atelier. Nous voici chez "Joy Creation", la petite entreprise de Joytika Cristina Monnet.
Baptême, robes de mariée, ordination
"Nous sommes chez les Bernardines", sourit cette jeune femme de 27 ans originaire de Vétroz. Elle loue le local aux soeurs cisterciennes (qui sont encore trois à vivre dans le Monastère).
Joytika Cristina — que tout le monde appelle Joy — est créatrice de robes de mariée et d'habits liturgiques. Et c'est dans cet atelier qu'elle officie depuis maintenant trois ans. Un atelier pétri d'histoire, les religieuses y ont confectionné pendant près de 100 ans des drapeaux.
Sa réputation franchit les murs du Monastère
En Valais le bouche-à-oreille est un élément déterminant dans la réussite d'une carrière professionnelle. Et d'autant plus dans le petit monde feutré de l’Église catholique. "Je fais tous les sacrements", explique Joy, elle-même pratiquante. Dans l'atelier, des habits de baptêmes, des robes de mariées, des habits d'ordination. De fil en aiguille, ses créations se font un nom, sa réputation franchit les murs du Monastère de Collombey.
Raccommoder les soutanes de Chanoines
Ces derniers mois, une nouvelle étape a d'ailleurs été franchie. "Je viens d'être embauchée à 60% à l'Abbaye de Saint-Maurice", se réjouit Joytika Cristina Monnet. "Des chanoines que je connais m'ont parlé d'une couturière qui prenait sa retraite. Il y avait là une vraie opportunité. J'ai désormais un atelier au sein de l'Abbaye, dans lequel je travaille trois jours par semaine. Je répare, je fais des nouvelles soutanes pour les nouveaux arrivants." Mais un franc est un franc, hors de question de gaspiller les deniers de l'Abbaye. Joytika sourit, "Ah oui, c'est leur devise, reprendre les anciennes soutanes et les refaire à neuf !"
Si l'on sait que chaque chanoine possède deux soutanes et qu'il y a 23 chanoines à Saint-Maurice... Le calcul est rapide, Joy a la responsabilité d'une cinquantaine de soutanes. Un métier atypique dont elle nous parle avec passion.