Constitution valaisanne: jusque-là, «les jeunes ont été passablement écoutés»
Des jeunes Valaisannes et Valaisans entre 7 et 18 ans ont pu faire entendre leurs voix dans le processus de révision de la Constitution cantonale, grâce à la mise en place d'une Constituante des enfants et des adolescents. Des idées passablement reprises dans la dernière mouture du texte.
Les initiateurs de la Constituante des enfants et des ados "se réjouissent" de la première mouture de la Constitution votée en décembre qui reprend "énormément de propositions des jeunes". En parallèle, ils plaident pour que les données récoltées soient utilisées dans d'autres processus législatifs et surtout que l'exercice soit réitéré.
Les jeunes Valaisannes et Valaisans entre 7 et 18 ans ont pu faire entendre leurs voix dans le processus de révision de la Constitution cantonale, grâce à la mise en place d'une Constituante des enfants et des adolescents. Un millier d'entre eux, du Haut comme du Bas-Valais, habitant tant la plaine que la montagne, ont fait part de leurs préoccupations qui ont été relayées au sein de l'assemblée grâce à des élus engagés dans ce projet.
Des propositions des jeunes bien accueillies
Le bilan est "très réjouissant", analyse pour Keystone-ATS Nicole Langenegger Roux, directrice de la Haute école de travail social et présidente du comité de pilotage du projet qui donne la parole aux adultes de demain. La première mouture du texte fondateur qui a été adopté par la Constituante début décembre reprend "énormément de propositions des jeunes".
Le travail d'influence des élus membres des "Amis de la Constituante enfant", de tous bords politiques, a porté ses fruits, ajoute-t-elle. Il faudra "bien sûr qu'ils restent vigilants lors de la seconde lecture", glisse la directrice. L'assemblée constituante, formée de 130 membres élus par la population, a jusqu'en juin 2023 pour soumettre un texte au Conseil d'Etat. A la fin, comme toujours en Suisse, c'est le peuple qui tranchera.
Les réflexions des jeunes se sont structurées autour de cinq thèmes récurrents: la protection de la planète, la santé, la famille, la formation ou encore l’égalité, soit des thématiques finalement très ancrées dans l'air du temps. Certaines propositions n'ont pas été retenues comme le droit de vote à 16 ans ou le congé paternité auquel la Constituante a préféré un congé parental.
Interdire le plastique et limiter la déforestation
D'autres, trop concrètes, pour un texte fondateur ne pouvaient pas figurer dans la Constitution. Mais leur esprit a pu être conservé, se félicite Nicole Langenegger Roux. Au niveau de l'environnement, par exemple, les jeunes souhaitaient que le plastique soit interdit ou la déforestation limitée. Cela n'a pas été inscrit de cette manière, mais plusieurs articles promeuvent le respect de l'environnement.
Les jeunes ont aussi fait part de leur volonté d'être mieux intégrés dans les décisions qui les concernent, souligne la responsable du projet. Ils ont émis l'envie d'avoir des cours plus poussés d'éducation civique, tournés vers l’actualité ou encore d’exploiter les nouvelles technologies pour améliorer la formation. "Ces idées sont cruciales, car formulées par les intéressés. Elles ne doivent pas se perdre".
«Une fois la révision de la Constitution terminée, on fera un point sur les différents sujets abordés pour voir de quelle manière on peut les intégrer au mieux. Ce serait pertinent de ne pas perdre cet input.»
Christian Nanchen, chef du service cantonal de la jeunesse
Les porteurs du projet de la Constituante des enfants et ados plaident ainsi pour que "la grande masse de données" accumulées lors de cette consultation puisse être utilisée dans la révision d'autres lois, tant que ces données sont encore d'actualité et "ne finissent pas dans un rapport". Selon la convention internationale du droit de l'enfant, signée par la Confédération, un aspect repris dans la révision de la Constitution, celui-ci a le droit d'être entendu, rappelle Nicole Langenegger Roux.
"Une fois la révision de la Constitution terminée, on fera un point sur les différents sujets abordés pour voir de quelle manière on peut les intégrer au mieux. Ce serait pertinent de ne pas perdre cet input", abonde Christian Nanchen, chef du service cantonal de la jeunesse, où on planche déjà depuis quelques années sur la pérennisation du parlement des jeunes qui pourrait se faire le relais de ces idées.
Les porteurs du projet notent aussi que ces données pourraient convaincre les différents services du canton ainsi que les parlementaires de consulter les enfants lorsqu'ils abordent un thème qui les concerne, et/ou à relayer leurs préoccupations, ajoute Nicole Langenegger Roux.
Les jeunes prennent ce genre de tâches très au sérieux
Les adultes ont tendance à sous-estimer l'issue de ce genre de consultation, "à craindre même des retours farfelus ou clivants", note Christian Nanchen. Or, relève le chef de service, d'expérience, à chaque fois qu'on leur a donné l'occasion de s'exprimer, les jeunes ont pris leur tâche très au sérieux.
Les jeunes doivent être impliqués dès leur plus jeune âge dans le façonnement de la société, insistent les deux responsables. "La participation, ce n'est pas quelque chose qu'on découvre comme par magie à 18 ans, il faut l'entraîner. Et le plus tôt, on s'y prend, meilleur sera le vivre ensemble", estime Christian Nanchen.
La large consultation effectuée auprès des jeunes était portée conjointement par la HETS de la HES-SO Valais-Wallis, le centre interfacultaire en droits de l'Enfant de l'Université de Genève, la HEP Valais, le Service cantonal de la Jeunesse, le Service de l'enseignement et la Fondation Sarah Oberson.