Conflits d'intérêts : la CEP-RSV prêche-t-elle pour sa paroisse?

Pas simple d'éviter les conflits d'intérêts lorsque l'on se retrouve à cheval sur deux mondes. Au sein même de la commission d'enquête parlementaire sur l'hôpital du Valais (CEP-RSV), le vice-président s'est livré durant un an à cet exercice d'équilibre. Ancien de l'Hôpital du Valais (HVS), aujourd'hui à la clinique de Valère, le cardiologue de Brig a quitté le public pour passer au privé.
"Le seul conflit d'intérêts que j'ai eu, a été réglé lorsque j'ai quitté l'Hôpital du Valais pour accéder à la députation", se défend Patrick Hildbrand.
Reste que dans les recommandations de la CEP-RSV, il en est une qui fait le lien entre ces deux mondes côtoyés par le Haut-Valaisan : écarté en juin dernier sur nos ondes par Eric Bonvin (selon décision du Conseil d'administration du HVS à fin mai) - le directeur général du HVS encensé mercredi par le président de la CEP - , le projet de centre commun de cardiologie et chirurgie cardiaque, initié et "finançable" par le groupe Genolier, revient par une porte dérobée, en apparaissant page 84 du rapport présenté mercredi.

Un projet qui doit être étudié par le Conseil d'Etat selon la CEP-RSV

La commission propose au conseil d'administration de "réapprécier sa participation à une réflexion" (page 11, pt 20 du rapport de synthèse) et au Conseil d'Etat de commander une expertise pour analyser les impacts financiers de cette offre (p. 84, chapitre 9.7, 6ème paragraphe du rapport final) soumise par le propriétaire de la clinique de Valère. Concrètement, Genolier était prêt dès l'été passé à y injecter 40 millions de francs selon Karin Perraudin, la présidente du conseil d'administration de la clinique (jusqu'à 50 millions aujourd'hui selon Patrick Hildbrand).
"Il n'y a rien d'incompatible… la commission avait de quoi s'étonner puisque l'hôpital n'est même pas entré en matière sur une proposition qui est un projet visionnaire pour le canton", explique Patrick Hildbrand (interview ci-dessous).
En juin dernier, Eric Bonvin rappelait que si la cardiologie est une discipline bénéficiaire, sa rentabilité dans le secteur public, sert à compenser les disciplines déficitaires et non à adresser des bénéfices à des actionnaires (l'interview du 9 juin sur le site de Rhône fm). Quoi qu'il en soit, la CEP-RSV rappelle que "des partenariats publics/privés sont une réalité dans le domaine sanitaire suisse et relève que "cette opportunité d'un partenariat au bénéfice de la population valaisanne mérite d'être analysée".